Frederick FLORIN / AFP 1:25
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Arthur Helmbacher, à Quatzenheim, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Le tag "Loups noirs alsaciens" a été retrouvé sur l'une des 96 tombes profanées dans le cimetière juif de Quatzenheim, dans la nuit de lundi à mardi. Une référence à à un groupe autonomiste actif dans les années 1970.
REPORTAGE

C'est un acte antisémite de plus dans une longue série d'attaques subies par les juifs en France depuis le début du mois de février : 96 tombes du cimetière alsacien de Quatzenheim ont été profanées dans la nuit de lundi à mardi. "On prendra des actes, on prendra des lois et on punira", a déclaré sur place Emmanuel Macron, mardi après-midi.

Des "Loups noirs alsaciens"… aujourd'hui inactifs. Sur l'une de ces tombes, trois mots tagués à la bombe bleue, en allemand, ont été retrouvés : "Elsassisches Schwarzen Wolfe", traduction de "Loups noirs alsaciens". C'est une référence directe à un groupuscule terroriste et autonomiste de la région, actif à la fin des années 1970. Il est notamment responsable de l'incendie au musée du camp de concentration du Struthof et du dynamitage d'une croix de Lorraine au Staufen, à Thann, non loin de Mulhouse.

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"On n'a jamais attaqué les juifs". Mais les "Loups noirs alsaciens" ne seraient pas antisémites, à en croire le leader du groupuscule il y a 40 ans. "On n'avait rien à voir avec ça, on n'a jamais attaqué les juifs, pas du tout", balaie Pierre Rieffel, joint par Europe 1. "J'ai 90 ans, on a payé assez cher, laissez-nous tranquille avec ça."

De jeunes Alsaciens apprécient l'ancien "Loup noir". L'été dernier, l'antenne strasbourgeoise du groupe identitaire d'extrême droite "Le Bastion social" a tenté de faire venir Pierre Rieffel dans ses locaux. Mais les enquêteurs chargés de faire la lumière sur la profanation du cimetière n'excluent pas que ce soit un "faux-nez", une inscription farfelue pour brouiller les pistes.

"Plan Kalergi" et croix gammées. Sur une sépulture voisine du cimetière de Quatzenheim, il y a un autre tag : "plan Kalergi". C'est le nom d'une théorie du complot, très populaire sur les réseaux sociaux, qui porte sur la disparition programmée de la population européenne blanche.

Enfin, des croix gammées ont été retrouvées taguées sur des tombes. "Ces croix gammées ont été faites par des poltrons, des peureux qui sortent comme des rats, la nuit, sans courage ni force, et s'en prennent à des tombes. Comme si ça ne suffisait pas de tuer les juifs, il faut tuer leur histoire, leur existence", a déploré Maurice Dahan, président du consistoire israélite du Bas-Rhin. "Non, nous serons là et nous continuerons d'être là, des citoyens de ce pays."