A Limeil, il fallait payer pour participer aux violences urbaines du 31 décembre

Cinq jeunes soupçonnés d’être impliqués dans ce réveillon explosif ont été déférés ce mercredi soir après deux mois d’enquête.

    Tout était soigneusement préparé pour ce réveillon explosif. L'alcool, les mortiers, les barricades, la voiture brûlée, les affrontements avec la police. La soirée était même filmée, histoire de la rendre inoubliable. Dans une des vidéos, l'un des organisateurs présumés exhibe l'argent récolté. Car la réussite de ce « bon 31 décembre », à Limeil (Val-de-Marne), nécessitait la contribution financière des participants. « On vous a dit qu'il fallait cotiser », se félicite l'un des « fêtards ».

    Une chose en revanche n'était pas prévue. Après deux mois d'une enquête menée par les policiers de Boissy-Saint-Léger, sept personnes soupçonnées d'être impliquées dans ces violences urbaines ont été interpellées mardi. Trois d'entre elles étaient déjà incarcérées pour d'autres affaires. Finalement, cinq jeunes, dont trois mineurs qui devaient être mis en examen par un juge des enfants, ont été déférés mercredi soir au tribunal de Créteil.

    2 h 30 de violences à la cité de la Sémaroise

    « Ramenez l'argent ! », incite l'un des participants dans une vidéo semble-t-il tournée juste avant le début des hostilités. Un autre fanfaronne : « Y'a ceux qui payent des bouteilles et d'autres qui font la guerre ». Et le vidéaste de filmer les mortiers.

    La « guerre », ce sont 2 h 30 de violences urbaines à la cité de la Sémaroise de Limeil-Brévannes. On voit d'abord un incendie au milieu de la route. Puis une voiture — on saura plus tard qu'elle a été volée — vient se garer juste à côté. Une dizaine de personnes la retournent sur le feu, sous les acclamations des participants. Deux scooters et des conteneurs partiront également en fumée.

    Quand les policiers arrivent, la deuxième partie de soirée commence. Les forces de l'ordre sont la cible de jets de projectiles. Elles répliquent notamment au gaz lacrymogène pour disperser les participants. Sans doute y a-t-il eu eu des tirs de LBD car, sur une vidéo, un des jeunes montre sa « blessure de guerre ». Sur une autre séquence, l'un des émeutiers présumés appellera à « fumer » les policiers.

    « Happy new year ! »

    Sur un toit d'immeuble, les fonctionnaires mettront la main sur plusieurs projectiles, dont deux batteries de voiture, mais aussi sur un revolver avec une cartouche chambrée. Des paires de gants, des briquets et des cagoules ont aussi été retrouvés. Ainsi que… deux bidons d'essence.

    « Nous avons réussi à identifier les mis en cause grâce à des investigations techniques et scientifiques », glisse une source proche de l'enquête.

    Selon nos informations, en garde à vue, des jeunes ont expliqué qu'ils n'avaient fait que filmer les scènes de violences urbaines pour les faire voir à leurs amis qui étaient incarcérés. L'une des séquences se termine avec un message : « Happy new year ! » Un « Bonne année ! » d'assez mauvais goût.