Le pôle Nord magnétique se déplace plus vite que prévu

Une rivière souterraine de fer en fusion bouleverse les instruments de navigation maritimes et aériens.

 Depuis 1990, la vitesse de déplacement du pôle Nord magnétique a été multipliée par quatre.
Depuis 1990, la vitesse de déplacement du pôle Nord magnétique a été multipliée par quatre. NOAA

    Sommes-nous en train de perdre le Nord ? Depuis plusieurs années, le pôle Nord magnétique se déplace à un rythme accéléré. Au point que le modèle universel utilisé par les instruments de navigation a été revu plus tôt que prévu, au début de ce mois de février, alors qu'il n'aurait dû intervenir qu'en 2020.

    En 1990, le pôle Nord magnétique se déplaçait à une vitesse de 15 km par an. Avant de connaître une « poussée » à près de 60 km par an : du Canada, le Nord se dirige rapidement vers la Sibérie. Le problème, c'est que cette migration influe de fait sur l'écart entre le Nord magnétique et le Nord géographique, repère des marins, des pilotes et des aventuriers en herbe.

    Retardé par le « shutdown »

    Pour que boussoles et autres instruments de navigation aériens et maritimes pointent la bonne direction, il faut qu'ils se conforment à un standard universel, le Modèle magnétique mondial. Début 2018, les deux instances chargées de le réviser, l'américaine NOAA et le britannique BGS, ont constaté que le modèle de 2015 « était tellement inexact qu'il était sur le point de dépasser la limite acceptable d'erreur », comme l'a raconté en janvier la revue Nature.

    Une mise à jour d'urgence était prévue le 15 janvier dernier, mais elle n'a finalement eu lieu que le 4 février, pour cause de « shutdown », une paralysie de l'administration américaine liée aux désaccords sur le vote du budget.

    Pour les scientifiques, cette accélération du déplacement du pôle Nord magnétique serait liée à une rivière souterraine de fer en fusion, large de 420 kilomètres, révélée par les satellites européens Swarn en 2016. Circulant à 3000 km de profondeur depuis des centaines de millions d'années, ce « jet stream » nous déboussole de plus en plus vite. Mais selon les chercheurs qui l'ont mis au jour, ce gain de célérité n'aurait rien d'anormal et s'inscrirait même dans un cycle long de l'histoire de la Terre.