Le photographe a eu carte blanche pour dresser le portrait des œuvres de l’Institut Giacometti à Paris. Une correspondance intime et secrète entre images, sculptures et gestes du créateur.
La photographie qui accueille le visiteur à l’entrée de l’Institut Giacometti – belle bâtisse art déco du début du XXème siècle – est une image complètement floue. Un flou évidemment désiré par le photographe qui a capturé un fragment de l’atelier du sculpteur. Ce flou dit combien il est émouvant et difficile d’approcher avec un autre regard l’œuvre de ce titan du XXème siècle, Alberto Giacometti. Peter Lindbergh s’en sort à merveille : il offre une vision personnelle et nouvelle dans laquelle le visiteur est convié au spectacle de la matière mouvante, vivante, comme si les statues du maître s’étaient mises à bouger. En témoigne cet extraordinaire triptyque représentant « L’Homme qui marche ». Le photographe a installé un tissu derrière la sculpture de telle façon que l’ombre, dans un élégant jeu de lumière, vienne s’y projeter et que le tissu l’absorbe. Cette série de trois photographies donne véritablement l’illusion que la figure représentée est en train de marcher. Mieux : elle confère une matité supplémentaire à l’œuvre, comme si un aspect des sculptures de Giacometti était ici révélé, leur ombre, leur part d’opacité.