Un bar de Strasbourg épinglé pour ses noms de cocktails sexistes, racistes et homophobes

Publié le Vendredi 22 Février 2019
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Image d'illustration
Image d'illustration
Un bar de Strasbourg s'est fait épingler pour les noms des boissons proposées à sa carte. Le caractère pornographique et insultant est dénoncé par l'association Osez le féminisme.
À lire aussi

On a toutes un peu rigolé en commandant des Sex on the beach, se gaussant du caractère sexuel du nom de ce cocktail. Mais là, imaginez un bar, où tous le noms de boissons sont imaginés autour du sexe, mais également du sexisme, du racisme, de l'homophobie ou même de l'appel au viol.

C'est l'antenne locale du Bas-Rhin d'Osez le féminisme qui a lancé l'alerte dans un message sur Facebook. Mise en cause : la carte du bar l'Idéal à Strasbourg.

Parmi les très nombreux noms de boissons, ont peut trouver par exemple : "Chatte humide à défoncer", "Éjaculation faciale", "Énorme bite pour cul dilaté", "Esclave sexuel forcé à sucer", "Fesses élargies pour grosse bite", "Grosses pipes pour vierges effarouchées", "La sacrée pute d'Alex", "Nymphomane limée en profondeur" "Punie par deux bites", "Remplis-moi de sperme", "Sans capote et avec force", "Sperme coulant sur jeune pute", "Zob noir à tout déchirer". Le dernier jouant sur le stéréotype selon lequel les hommes noirs auraient un gros pénis.

Le bar propose aussi des "biberons" aux noms tout aussi bas de gamme : "La fécondation in vitro", "Le test de grossesse", "Le stérilet", "Le laxatif", "Le bouche-à-bouche", "Le toucher rectal", "Le don de sperme" ou "Encore le frottis".

La banalisation de la pornographie et des violences masculines

OLF pointe les appels au viol clairs de certains des noms de cocktails comme "Esclave sexuelle forcée à sucer" ou "Punie par deux bites". Dans son message, l'association "dénonce ces procédés et s'insurge contre cette utilisation sexiste du marketing qui vise à insulter les femmes et à normaliser les violences sexuelles commises contre elles. Lire de tels intitulés sur la carte d'un bar banalise la pornographie mais aussi les violences masculines contre les femmes. Si 'Punie par deux bites' (sic) peut être le nom d'une boisson qu'on commande au serveur est-ce que cela signifie que c'est acceptable ? Que c'est drôle ? Que c'est sans conséquence ?"

Sur ce qui se veut de l'humour mais qui n'en est pas, OLF déclare : "Cette carte n'a rien d'humoristique ce qu'elle décrit sont des actes de torture qu'elle banalise voire légitime."

Les visiteur·euses du bar n'ont pas attendu le communiqué d'OLF pour s'indigner. On trouve ainsi de très nombreux messages outrés sur le site de notation TripAdvisor où l'attitude du gérant est régulièrement pointé du doigt.

Comme l'avis de David qui date de 2017 : "Une machine à fric, sans intérêt, avec une carte qui a plus sa place dans un film pour adulte que dans un bar", ou Mike, la même année : "Avec une carte de cocktails aux noms pornographique, nous n'y reviendrons pas."

En 2018, on trouve le cinglant : "Un gérant à l'image de son établissement (qui porte très mal son nom) : malpropre & pas accueillant (en plus d'avoir des cocktails qui n'ont d'original, que leurs noms ridiculement mal trouvés)."

Son gérant est rhabillé pour l'hiver et depuis le message d'Osez le féminisme 69, le bar a fermé sa page Facebook.

Début février, le syndicat des brasseurs indépendants avait publié un communiqué dénonçant lui aussi les noms de bières sexistes.