Faut-il arrêter de faire du sport quand il y a un pic de pollution ?

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Faut-il arrêter de faire du sport quand il y a un pic de pollution ?

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Un couple de joggeurs dans les allées du jardin des Tuileries
Un couple de joggeurs dans les allées du jardin des Tuileries
© Maxppp - Olivier Boitet

Depuis jeudi, un voile de pollution recouvre l'Île-de-France. Alors, pouvons-nous tout de même faire du sport sans danger ? Pour certains experts, la réponse est oui, à condition de respecter quelques recommandations. D'autres au contraire, sont opposés à toute activité.

Paris connait un épisode de pollution depuis jeudi. Le premier niveau d’alerte a été déclenché. Le seuil des 50 microgrammes par mètre cube d'air a été dépassé ce vendredi, grimpant jusqu'à 82 microgrammes par mètre cube. Dans ce contexte, la question vous a sans doute effleuré l'esprit. Lors d'un pic de pollution, peut-on faire son jogging ou emprunter son vélo sans risques pour sa santé ? Tous les experts que nous avons interrogé ne sont pas d'accord entre eux, même si tout le monde s'accorde sur les précautions à prendre en cas de pic de pollution.

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"L'activité est plus bénéfique encore que la pollution"

Pour certains spécialistes, l'activité sportive, même lors de cette période, reste bénéfique pour la santé. "On peut faire du sport lors des pics de pollution, mais autrement", répond Gilles Dixsaut, président du Comité francilien de la Fondation du Souffle. "Quand on fait du sport, on augmente sa ventilation et donc aussi la quantité de polluants que l’on inhale. Il faut faire des sports doux et qui ne sont pas intenses, car si vous faites des sports intenses comme une course rapide, vous allez inhaler des polluants. Par contre en faisant de la marche ou du vélo rapidement, vous allez conserver l’avantage de l’activité sportive sans inhaler trop de polluants", détaille-t-il. Un avis partagé par Charlotte Songeur, ingénieure chez Airparif : "L’activité sportive est bénéfique pour les sportifs, et plus bénéfique encore que la pollution."

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Daniel Thomas, cardiologue, est d'un avis contraire. Il rejette l'idée de toute pratique lors des pics de pollution : "L’organisme n’est pas dans de bonnes conditions d’oxygénation optimales pour faire l’activité physique qu’on lui demande. Il y a aussi des éléments toxiques qui ont des impacts sur la réactivité vasculaire avec un risque d’accident vasculaire plus important. »

Des précautions indispensables

Pour les activités physiques intenses, il faut à tout prix éviter les grands axes de circulation et privilégier les parcs ainsi que les zones naturelles. "Ce n'est certainement pas aujourd'hui qu'il faut travailler son cardio avec du fractionné, juste à côté du périphérique. On va réduire l’intensité, éviter de faire un marathon et surtout s’éloigner des sources pollution. L'idée est vraiment de continuer son activité sportive sans forcer mais en continuant à avoir une activité", souligne Charlotte Songeur, ingénieure chez Airparif

Les cyclistes, toujours plus nombreux dans la capitale à prendre leur vélo pour se déplacer ou se rendre au travail, doivent être vigilants. "Pour les cyclistes, il faut éviter le flux de circulation direct en période de particules car on a des niveaux élevés d’oxyde d’azote à proximité du trafic. Donc là c’est un cumul, un cocktail vraiment pas bon pour la santé", ajoute l'ingénieure. Daniel Thomas reste catégorique : il est préférable de reporter son entraînement. "Il ne faut pas aller faire son sport favori le jour où il y a de la pollution. Par contre il y a plein d’autres jours pour en faire", insiste-t-il. 

Le risque, pour la population, de développer des symptômes, reste faible, mais réel. Quand ils apparaissent, ils se caractérisent par une gêne respiratoire, une irritation des bronches et des toux plus fréquentes... Mais la pollution, notamment les particules fines, sont une vraie menace pour les enfants, les asthmatiques ou les personnes susceptibles de développer des maladies cardio-vasculaires.

Courir ou rouler avec un masque : attention, danger ! 

Contre la pollution, pas de remède miracle. Beaucoup utilisent un simple masque, pensant bloquer les particules. "Je vois beaucoup de cyclistes et de coureurs portant des masques. Nous [Airparif], c'est une chose que nous déconseillons fortement en cas d’activité physique. Tout simplement parce que le masque ne va pas filtrer les gaz, simplement les plus gosses particules. Les particules fines, plus dangereuses, vont elles réussir à passer à travers. La personne va donc hyperventiler, respirer et inhaler d’autant plus ces particules », selon Charlotte Songeur. Mais des conseils de bon sens peuvent s'appliquer. Les cyclistes peuvent réduire leur vitesse, emprunter les petites rues, les allés fleuries, et les automobilistes abandonner leur voiture qui selon Gilles Dixstaut, "est l'endroit le plus pollué car on respire ce qui sort du pot d'échappement de la voiture qui précède.

Ce pic de pollution, le quatrième depuis le début de l'année, pourrait reprendre dès la semaine prochaine selon les estimations d'Airparif.

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