Des chercheurs espagnols viennent d'établir un lien entre les échouages massifs de baleines à bec et l'utilisation de sonars militaires de moyenne fréquence. Le bruit généré par ses appareils perturbe le comportement habituel des cétacés qui souffrent, comme les plongeurs, de la maladie de décompression. En Espagne, où un moratoire a été adapté, aucun échouage massif n'a été enregistré. Les chercheurs appellent à généraliser cette mesure, notamment en Méditerranée.

Selon Yara Bernaldo de Quiros, de l’Université de Las Palmas de Gran Canaria (Espagne), il y a un rapport "très clair" entre les échouages massifs de certaines espèces de baleines et les exercices militaires en mer utilisant des sonars de moyenne fréquence. À l’instar des humains qui pratiquent la plongée, les baleines à bec peuvent en effet souffrir de la maladie de décompression lorsqu’elles sont confrontées à des sonars militaires, confirment des chercheurs dans une étude parue dans la revue "Proceedings of the Royal Society B". Ils recommandent de limiter le recours à ces équipements en Méditerranée. 
Les scientifiques se sont concentrés sur le cas des baleines à bec, notamment celle de Cuvier. Ces mammifères marins très discrets, qui passent la majeure partie de leur temps sous l’eau, sont des champions de la plongée, à la fois en profondeur et en durée d’apnée. "Alors que les échouages massifs de baleines à bec étaient très rares avant les années 1960, ils se sont nettement accrus avec le développement de sonars à moyenne fréquence" utilisés par les navires militaires pour détecter des sous-marins, souligne l’étude.
Seule l’Espagne a adopté un moratoire
Entre 1960 et 2004, 121 échouages collectifs de baleines à bec ont été recensés. La baleine de Cuvier est l’espèce la plus touchée avec 61 échouages collectifs. L’autopsie des cétacés a révélé des lésions correspondant à la maladie de décompression. Des bulles de gaz, notamment d’azote, s’accumulent dans le corps des cétacés, suite à des changements de pression, et peuvent provoquer une embolie ou une détérioration des organes. "Vraisemblablement, les baleines prennent peur" et "s’éloignent très vigoureusement" de la source du bruit, indique Yara Bernaldo de Quiros. "La réponse au stress prend le pas sur le comportement habituel de plongée".   
Préoccupé, le Parlement européen a appelé en 2004 à adopter un moratoire sur le déploiement de ces sonars militaires de forte intensité. "Seule l’Espagne a adopté ce moratoire, qui est appliqué uniquement dans les eaux des Canaries", dans l’Atlantique, relèvent les chercheurs de l’étude. "Depuis le début de ce moratoire, aucun échouage massif de baleines à bec n’a été détecté aux Canaries", se félicitent les chercheurs, qui recommandent "un moratoire sur les sonars moyenne fréquence dans les régions où des échouages massifs continuent à se produire, comme la Méditerranée".
La Rédaction avec AFP

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