Chaque année, la Nuit des César tombe sur la fin de l’hiver comme la misère sur le pauvre monde.” La 44e cérémonie des César du cinéma, qui récompense chaque année les professionnels du septième art en France, c’était la croix et la bannière pour le spécialiste cinéma du quotidien suisse Le Temps. Une soirée “ennuyeuse”, véritable “foire aux vanités” pour récompenser des films pour la plupart sans intérêt. “Plus d’un invité souligne l’exceptionnelle qualité de la cuvée 2019. Il est permis de récuser ce sentiment de satisfaction.” Selon Antoine Duplan, il n’y avait qu’un seul chef-d’oeuvre parmi les sept titres nominés dans la catégorie meilleur film : La Douleur, un long-métrage d’Emmanuel Finkiel tiré du livre de Marguerite Duras… “reparti bredouille”.

Les autres films en lice ? Une comédie burlesque ratée (En Liberté !, de Pierre Salvadori), un vrai-faux documentaire (Guy, d’Alex Lutz) et Le Grand Bain de Gilles Lellouche, entre autres, décrit comme une “pochade franchouillarde”. Concernant ce dernier film, Le Temps salue tout de même la distinction de Philippe Katerine (meilleur acteur dans un second rôle), ce “chanteur lunaire”, “seule touche de poésie dans la pataugeoire lellouchienne”.

Le grand vainqueur de la soirée à peine évoqué

Pour le reste, pas grand chose à récupérer. Si “le sympathique” Kad Merad a rempli son rôle de maître de cérémonie avec “bonhomie”, “on est aussi là pour se gonfler d’importance, telle une grenouille poitevine rivalisant avec le bœuf américain, incarné cette année par Robert Redford, invité d’honneur”. Même le sacre de Jusqu’à la garde, grand vainqueur de la soirée avec quatre César, ne remonte pas le moral du journaliste de Lausanne : le compte-rendu évoque simplement le discours de Léa Drucker (meilleure actrice), “qui à minuit passé, se lance en larmes dans un réquisitoire contre la violence conjugale”.

Pour finir, le César du public, “créé pour Dany [Boon] le boudeur”, premier lauréat en 2018, en prend aussi pour son grade. Cette année, c’est Olivier Baroux qui “pique le trophée avec sa délicate comédie sur une famille de demeurés [Les Tuche 3]”. Il était temps que ça se termine, pour Le Temps qui conclut avec une bonne dose d’ironie : “Oui, décidément une excellente cuvée, et ce n’est pas Robert Redford qui dira le contraire.”