Tribune. Homo sapiens est un colosse aux pieds d’argile. Notre espèce doit tout à son extraordinaire capacité d’apprentissage, décuplée par une autre compétence clé : la capacité de transmettre son savoir aux autres. Grâce à l’éducation, une vingtaine d’années suffisent pour que tout bébé devienne ingénieur aérospatial, musicien, ébéniste ou programmeur.
Mais, à l’inverse, en une seule génération, ces acquis formidables pourraient s’effondrer si notre système éducatif perdait de son efficacité.
C’est pourquoi, alors que l’Assemblée nationale vient d’adopter en première lecture, le 19 février, un projet de loi qui vise à revitaliser l’éducation en France, je lance un appel : l’enjeu de l’école doit devenir une véritable cause nationale, notre cause à tous car il s’agit de nos enfants et de notre futur. Il y a urgence, et je voudrais partager ici l’inquiétude que m’inspirent certains chiffres, mais aussi l’espoir que nous puissions trouver collectivement des solutions. Nous devons tous nous mobiliser pour notre école.
« Terrible spécificité française, dans un pays qui se targue d’égalité, les inégalités sociales n’ont jamais été aussi fortes : plus on vient d’un milieu défavorisé, plus les résultats scolaires plongent »
Commençons par le constat, ou plutôt la claque. Elle ne date pas d’hier. Depuis 2003, tous les quatre ans, l’enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), menée chez les élèves de 15 ans, montre une baisse systématique du niveau des enfants français en mathématiques. Cette enquête, parfois critiquée, est cependant corroborée par d’autres. Ainsi, en 2015, l’enquête TIMMS (Trends in International Mathematics and Science Study) place la France à la dernière place de toute l’Europe pour cette discipline reine où nous croyons exceller par nos médailles Fields.
En douze ans, nous sommes devenus les derniers en maths… mais pas seulement : en lecture, un graphique inquiétant, issu de l’enquête PIRLS (Progress in International Reading Literacy Study) chez les enfants de 10 ans, montre une baisse systématique des performances depuis 2000, alors que dans le même temps la moyenne des autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) grimpe d’autant.
Nos enfants sont parmi les derniers en compréhension de textes. Les mêmes difficultés se retrouvent lors des journées défense et citoyenneté où plus de 20 % des jeunes adultes présentent de très faibles compétences en lecture.
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