Oise : pour recruter, le secteur du bâtiment se tourne vers les réfugiés

Pour combler le déficit de main-d’œuvre, les professionnels souhaitent accélérer la formation des personnes issues de l’immigration. Une première réunion d’information se tient ce lundi à Compiègne.

 Noyon, vendredi. Dans l’Oise, où « une centaine » d’emplois ne sont pas pourvus, il s’agit de procéder à 200 recrutements cette année.
Noyon, vendredi. Dans l’Oise, où « une centaine » d’emplois ne sont pas pourvus, il s’agit de procéder à 200 recrutements cette année. LP/Alexis Bisson

    Plus tard, Abdelaziz aimerait « travailler et se marier ». Le jeune Soudanais de 26 ans, arrivé en France en 2015, fait cette confidence avec un sourire timide et des yeux doux. Comme un rêve pour celui qui a dû fuir le Soudan il y a 7 ans, en 2012 avant de poser ses valises à Montataire. Le jeune homme est désormais bénéficiaire d'une protection internationale (BPI). Un statut qui lui donne la possibilité, notamment, de travailler.

    Et ce peut-être dès cette année. Ce lundi, Abdelaziz prendra part, comme une trentaine d'autres personnes réfugiées, à une réunion d'information sur les métiers du bâtiment à Compiègne.

    « Manque de main-d'œuvre générale »

    Une première à l'initiative de la Fédération du bâtiment de l'Oise, dans le cadre du projet « 15 000 bâtisseurs », lancé au niveau national pour combler le déficit de main-d'œuvre. Dans l'Oise, où « une centaine » d'emplois ne sont pas pourvus, il s'agit de procéder à 200 recrutements cette année dans le cadre de ce dispositif.

    « Il y a un manque de main-d'œuvre général, appuie Guillaume Gamache, secrétaire général en charge de la gestion groupe « jeunes », au sein de la Fédération du bâtiment de l'Oise. Les personnes bénéficiant du statut de réfugié font partie des personnes visées, au même titre que les jeunes âgés de 16 à 30 ans et les demandeurs d'emploi des quartiers prioritaires. L'important pour nous, c'est qu'il s'agisse de personnes motivées. »

    « Ce que je veux, c'est un travail, je suis volontaire », insiste Abdelaziz, dans un français encore hésitant. Le jeune homme compte déjà des expériences dans la céramique, ainsi que dans la maçonnerie, exercée pendant trois ans en Libye. « Il y a chez eux une vraie volonté de travailler, presque de l'impatience », plaide Tatiana Margueuret, chef de service au sein de l'association Coalia, qui propose des solutions d'hébergement et un accompagnement social aux migrants.

    Une dizaine de métiers présentés

    Ce lundi à Compiègne, il n'y aura pas de postes à pourvoir à la sortie, mais une première présentation des différents métiers, à l'appui de vidéos.

    « Il ne s'agit pas là d'une transmission de compétences mais bien d'une première approche des métiers et savoir qui pourrait être intéressés, souligne Coraline Delisle, responsable métier, emploi et formation à la Fédération du bâtiment de l'Oise. Ces réunions permettent aussi d'anticiper les besoins. ». Une dizaine de corps de métiers seront présentés, à commencer par la maçonnerie, la menuiserie et la couverture, où les besoins sont les plus conséquents.

    « Accélérer la sortie de nos structures »

    Suivront ensuite des entretiens avec Pôle emploi puis des stages en entreprises ou des formations au sein des différents centres d'apprentissage.

    Entrepreneurs du bâtiment et responsables associatifs veulent voir dans ce nouveau dispositif une sorte d'accord « gagnant-gagnant ». « On a intérêt à aller dans le même sens, glisse un entrepreneur noyonnais. Il faut voir que ces gens sont bien souvent plus motivés que les Français. »

    « Il faut qu'il y ait une intensification de ces démarches, entre d'un côté des métiers qui manquent de main-d'œuvre et de l'autre des gens qui veulent travailler, observe Eric Nicaise, directeur de Coallia pour l'unité territoriale de l'Oise. L'insertion professionnelle, c'est la clé pour fluidifier et accélérer la sortie de nos structures. »