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Assurance-chômage : les cadres dans le viseur du gouvernement

L'exécutif doit arbitrer entre dégressivité des allocations pour les hauts salaires ou abaissement des plafonds.

François Hommeril, le président de la CFE-CGC, le syndicat des cadres.
François Hommeril, le président de la CFE-CGC, le syndicat des cadres. (AFP)

Par Alain Ruello

Publié le 25 févr. 2019 à 06:00Mis à jour le 25 févr. 2019 à 14:44

Le niveau des allocations-chômage pour les hauts salaires va revenir sur le devant de la scène, à la faveur de la reprise en main de l'assurance-chômage par l'Etat consécutive à l'échec des négociations entre syndicats et patronat . Alors que ces derniers n'envisageaient pas de toucher à l'indemnisation des cadres, le gouvernement, lui, entend bien agir sur ce levier, ce qui ne manquera pas de provoquer une forte réaction de la CFE-CGC. Reste à arbitrer les modalités, deux pistes étant sur la table : la dégressivité des indemnités pour les hauts salaires ou l'abaissement du plafond actuel d'indemnisation.

Fin septembre, Edouard Philippe avait ouvert la voie à une diminution des allocations avec le temps , alors qu'aujourd'hui elles sont constantes. Le Premier ministre avait évoqué deux cas de figure : pour ceux qui touchaient des « salaires très élevés » ou qui bénéficient d'une « très forte employabilité ». Avant de renvoyer la patate chaude à la négociation.

Diminuer les plafonds

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Près de cinq mois plus tard, le sujet a de grandes chances de ressortir . Il suffit pour s'en convaincre de parcourir la lettre de cadrage de la négociation qui, Edouard Philippe l'a rappelé à l'Assemblée nationale, constitue toujours l'alpha et l'oméga de la réforme à venir. « Des règles identiques pour tous les demandeurs d'emploi, sous l'apparence de l'égalité, ne tiennent pas compte des différences de capacité à retrouver un emploi », peut-on y lire. Ne manque plus que le rappel du taux de chômage des cadres - moins de 4 %, contre 9 % pour l'ensemble de la population - pour emporter les derniers doutes.

Outre une dose de dégressivité, le gouvernement peut jouer sur un autre tableau : le plafonnement des allocations versées. Les règles actuelles fixent la limite supérieure à quatre fois le plafond de la Sécurité sociale, de sorte qu'aucun allocataire ne peut toucher plus de 7.700 euros par mois. « On peut passer à 3 fois le plafond, voire moins, ou décider d'une somme forfaitaire, quel que soit le salaire antérieur », craint Jean-François Foucard, secrétaire nationale de la CFE-CGC, stigmatisant « l'opportunisme » de l'exécutif.

Si elle est décidée, une telle mesure relèvera plus de l'affichage politique, affirme le syndicaliste, l'exécutif montrant qu'il cible les cadres qui « profitent » du chômage. Au sein du gouvernement, on souligne que le niveau du plafond en France est le plus élevé d'Europe. Les économies à en attendre apparaissent limitées en revanche.

Coût politique des économies

Selon l'Unédic, passer le plafond à 3 fois celui de la Sécurité sociale (soit 5.775 euros par mois) permettrait de diminuer les dépenses d'allocations de 137 millions par an, sur un total de 34 milliards. Pour en dégager plus - 285 millions -, il faudrait aller un « gros » cran plus loin en passant à 2,5 fois le plafond. A un tel niveau, ce serait un pas important vers l'objectif d'un milliard d'économies par an que se fixe Matignon, à condition d'assumer une allocation maximum ramenée à… 4.800 euros par mois, en rapport à ce qui se pratique dans les länders allemands les plus généreux.

Traditionnellement, les syndicats défendaient le haut niveau d'indemnisation en soulignant le fait que les cadres cotisaient aussi beaucoup. Avec la fin des cotisations chômage des salariés, au profit de la CSG, l'argument perd de sa force. Reste, souligne la CGC, les cotisations versées par les employeurs, qui jouent sur les salaires jusqu'à quatre fois le plafond de la Sécurité sociale. Pour le syndicat, rogner sur les allocations des cadres devrait s'accompagner d'une baisse à due proportion des cotisations des employeurs.

Alain Ruello 

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