Épidémiologie

Les chauves-souris, le vrai réservoir du virus Ebola

Deux études indépendantes révèlent que les chauves-souris sont bien un réservoir du virus Ebola, mais que les singes n’en sont que des hôtes intermédiaires.

Ebola et chauves-souris

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Depuis sa découverte en 1976, le virus Ebola a causé de nombreuses victimes sur le continent africain, à travers pas moins de 28 épidémies. La plus meurtrière a fait 11 310 morts en Afrique de l’Ouest entre décembre 2013 et mars 2016. Trois autres résurgences se sont depuis manifestées entre mai 2017 et juillet 2018 en République Démocratique du Congo. Le taux de mortalité de la fièvre hémorragique causée par le virus oscille entre 25 % et 90 % selon les épidémies. De nombreuses pistes sont explorées pour combattre le virus Ebola, mais il n’existe à ce jour aucun vaccin. On soupçonne les chauves-souris, porteurs sains, d’être un réservoir du virus. Les grands singes, comme les gorilles et les chimpanzés, sont aussi suspectés car ils développent aussi la maladie. Deux nouvelles études, dirigées par Martine Peeters et Ahidjo Ayouba, virologues à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), ont levé le voile sur le rôle exact de ces animaux dans la transmission de la maladie.

Pour cela, les équipes de l’IRD ont prélevé des échantillons de sang de 4 022 chauves-souris de différentes espèces, piégées dans des champs et des villages, et de sang et de selles de 4 649 primates. Ces extraits ont ensuite été testés avec différents antigènes du virus Ebola. La réactivité d’un échantillon témoigne de la présence d’anticorps et, par extension, du contact de l’animal avec le virus.

Les résultats ont révélé que huit espèces de chauves-souris présentent des anticorps réagissant aux antigènes d’Ebola. Parmi elles, Eidolon helvum et Hypsygnatus monstruosus, particulièrement répandues sur le continent africain, ont été en contact direct avec deux souches du virus, nommées Zaïre et Soudan. Chez les primates, en revanche, un seul individu – un singe moustac de la famille des Cercopithèques – a montré une réactivité similaire.

Si ces chiffres peuvent paraître surprenants, il confortent l’hypothèse, déjà soutenue par certains chercheurs, que les singes ne sont qu’un hôte intermédiaire dans la transmission du virus, tandis que les chauves-souris jouent bel et bien un rôle de réservoir du virus. Le mode de transmission d’un hôte à l’autre n’est toutefois pas claire ; la consommation par les singes de chauve-souris infectées ou de fruits ayant été en contact avec les chiroptères pourrait être l’une des voies de transmission.

Ces deux études sont solides car elles portent sur plus de 8 000 animaux issus de différentes zones géographiques et testés avec une seule et même technique. Les chercheurs se tournent maintenant vers les colonies de chiroptères dans l’espoir de mieux comprendre les mécanismes de transmission du virus Ebola à l’homme, et mieux la prévenir.

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William Rowe-Pirra

William Rowe-Pirra est journaliste scientifique indépendant.

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