Christophe de Jaeger: «Il faut arrêter de croire que le vieillissement est inscrit dans nos gènes»

Interview Le médecin gériatre estime que chaque individu a un âge physiologique différent de l’âge chronologique, déterminé par la date de naissance

Thomas Weill
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Selon Christophe de Jaeger, le corps a un âge physiologique, qui diffère de l'âge chronologique, déterminé par la date de naissance.
Selon Christophe de Jaeger, le corps a un âge physiologique, qui diffère de l'âge chronologique, déterminé par la date de naissance. — nito100/Getty Images
  • Christophe de Jaeger est médecin gériatre et président de la Société française de médecine et physiologie de la longévité.
  • Il considère que chaque individu a un âge physiologique déterminé par l’état réel d’usure de ses organes.
  • Christophe de Jaeger interviendra le 11 mars à L’Européen à Paris à l’occasion du Topics Istec dont «20 Minutes» est partenaire.

On a tous déjà vu ces gens qui à 50 ans en paraissent 70, ou ceux de 70 ans qui semblent en avoir 20 de moins. A en croire Christophe de Jaeger, président de la Société française de médecine et physiologie de la longévité, et auteur de Bien vieillir sans médicaments (éditions du Cherche-Midi), cette différence s’expliquerait par l’âge physiologique, c’est-à-dire l’état réel d’usure des organes. Le gérontologue nous donne ses clés pour bien vieillir, avant de développer le sujet le 11 mars à L’Européen à Paris lors de la conférence Topics Istec, dont 20 Minutes est partenaire. Si vous souhaitez y participer :

Christophe de Jaeger.
Christophe de Jaeger. - Christophe de Jaeger

Qu’est-ce que c’est, l’âge physiologique ?

Il peut exister une différence entre l’âge chronologique, défini par la date de naissance, et l’état réel d’un organisme, défini par l’âge physiologique. Chaque organe va vieillir à son rythme. On peut déterminer un âge physiologique pour les os, le cerveau, la peau, les reins, etc. Il existe des référentiels très précis, par sexe, par âge. A chaque organe ses moyens de mesure. Quand on met l’ensemble de ces paramètres dans l’équation, on arrive à déterminer l’âge physiologique global d’un individu. Ce n’est pas une moyenne, mais une moyenne corrigée. Le vieillissement de la peau a moins d’importance que celui des artères par exemple.

Quel est l’intérêt de l’évaluer ?

Le premier intérêt majeur, c’est de pouvoir identifier des sujets à risque. Si on s’intéresse au système artériel justement, on sait que l’une de ses caractéristiques physiologiques premières est d’être souple. En vieillissant, une artère va se rigidifier, parfois même jusqu’à s’obstruer. Prenons une personne âgée de 50 ans avec la rigidité artérielle de quelqu’un de 60 ans. Vous pouvez agir dessus, sans attendre qu’elle tombe malade. L’autre intérêt majeur pour quelqu’un qui voudrait améliorer son capital santé, sera la possibilité de mesurer les progrès effectués.

Comment peut-on agir sur son âge physiologique, justement ?

Il peut évoluer dans les deux sens, contrairement à l’âge chronologique. Chez quelqu’un qui fait de l’exercice et se muscle correctement, on doit observer une diminution de l’âge physiologique, à condition que l’exercice soit adapté à la personne. Il y aura une amélioration si la personne bénéficie d’une prise en charge scientifique. Rien n’est remboursé, tout cela à un coût, sauf à aller au service physiologie d’un hôpital. C’est pourquoi en général on ne se concentre que sur des éléments qu’il nous paraît nécessaire d’étudier en fonction de l’histoire et de l’examen de la personne. Si le patient a perdu ses parents d’un infarctus du myocarde, on se concentrera sur les artères. S’il a des problèmes de mémoire, on s’intéressera au cerveau.

Quel impact aura cette prise en charge ?

Cela va d’abord se traduire par plus d’énergie, un meilleur sommeil, une meilleure résistance au stress. Mais mon combat est de faire réaliser aux gens qu’ils peuvent agir sur la qualité de leur vieillissement et l’améliorer. Les gens croient en la fatalité de leur vieillissement, mais il faut cesser de penser que tout est inscrit dans nos gènes. Bien évidemment, les médicaments sont des réponses aux maladies et heureusement qu’ils existent. Mais mon objectif, y compris dans mon livre, est de dire que, avant d’être malade, nous pouvons agir pour rester en bonne santé.