La lutte contre le réchauffement climatique et l'effondrement de la biodiversité pressent, mais les solutions pour sauver la planète peuvent avoir des effets cachés sur l'environnement. Certains agrocarburants, censés être plus écologiques, polluent parfois plus que l'essence et le diesel. Les ruches en ville tuent en réalité les abeilles sauvages. L'extraction des métaux rares utilisés dans les technologies vertes provoque des dégâts... Rien n'est jamais blanc ou noir.

Ce sont des technologies qui sont nécessaires à la lutte contre le changement climatique. Elles permettent de lutter contre la pollution, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de préserver la biodiversité… Le revers de la médaille est que leurs bienfaits ont souvent un contrecoup environnemental qu’il faut également prendre en compte pour protéger la planète de manière globale. 

Les méfaits des métaux de la transition énergétique
Les technologies vertes comme l’éolien et le solaire fournissent une énergie décarbonée et renouvelable mais les impacts environnementaux générés par l’extraction des métaux qui composent ces technologies sont sous-évaluées. Selon le journaliste Guillaume Pitron qui a publié le livre-enquête "La guerre des métaux rares" pour obtenir un seul kilogramme de lutécium (une des 30 terres rares), il faut "extraire 1 200 tonnes de roche. Pour les séparer, il faut de grandes quantités d’eau, de l’acide chlorhydrique, et énormément d’énergie produite majoritairement à partir de combustibles fossiles". 

Les biodiesels polluent plus que l’essence et le diesel
De plus en plus de Français se tournent vers les agrocarburants, souvent moins chers et présentés comme des alternatives vertes au diesel et à l’essence. Or, selon une étude réalisée en 2016 par l’ONG Transport et Environnement et s’appuyant sur les données de la Commission européenne, les biodiesels émettraient 4 % de plus d’émissions de CO2 que le diesel ou l’essence. "Ces émissions supplémentaires équivalent à environ 12 millions de voitures supplémentaires sur les routes européennes en 2020", écrit l’ONG. "Le remède est manifestement pire que la maladie", dénonce Jos Dings, le directeur exécutif de Transport et Environnement. 

Les ruches en ville tuent les abeilles sauvages
De plus en plus d’entreprises ont choisi d’installer des ruches sur leurs toits pour limiter l’extinction des abeilles. Mais ce n’est pas forcément une bonne idée. Selon une étude réalisée par l’Université de Cambridge, les abeilles domestiques, qui se développent avec les ruches, seraient en effet néfastes aux abeilles sauvages, pourtant pilier de la biodiversité grâce à leur rôle de pollinisateurs. En ville, les ressources florales sont limitées, et les abeilles sauvages souffrent de la compétition avec les abeilles domestiques. 

La viande in vitro, plus énergivore que l’élevage
L’élevage, très polluant, représenterait 15 % des émissions de gaz à effet de serre mondiale. Pour y remédier la viande in vitro, créé en laboratoire à partir de cellules animales, est présentée comme une alternative écologique. Les États-Unis viennent d’ailleurs d’ouvrir la voie à sa commercialisation. Mais attention, cette viande pourrait être plus énergivore que l’élevage, prévient une étude réalisée en 2011 par l’université Oxford. "Fabriquer de la viande in vitro demande plus d’énergie industrielle – souvent produite en brûlant des combustibles fossiles – que le porc, la volaille et peut-être même le bœuf", expliquent des chercheurs.

Une eau douce, néfaste pour les océans
Une étude publiée lundi le 14 janvier par des chercheurs de l’université de l’ONU au Canada, aux Pays-Bas et en Corée du Sud, montre pour la première fois que les 16 000 usines de désalinisation installées dans le monde produisent plus de rejets toxiques que d’eau. Pour chaque litre d’eau douce générée, 1,5 litre de boue saline est rejetée, généralement dans l’océan, ou encore dans des lacs. Au total, ces usines rejettent chaque jour 142 millions de mètres cubes de saumure, 50 % de plus qu’on ne l’estimait jusqu’ici. De quoi couvrir la Floride de 30 cm en un an ! 

Ozone contre climat
En 1987, le protocole de Montréal bannit certains types d’aérosols industriels à l’origine du trou dans la couche d’ozone, qui nous protège de certains rayonnements ultraviolets. Ceux-ci, utilisées notamment pour la réfrigération, ont été remplacés par des HFC. Jusqu’à ce qu’on s’aperçoive, une vingtaine d’années plus tard, qu’ils ont un pouvoir d’effet de serre très important. La communauté internationale s’est accordée en 2016 pour sortir progressivement des HFC.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP

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