L’ambassade nord-coréenne à Madrid a été le lieu, vendredi 22 février, d’un mystérieux incident, révélé par le site espagnol d’investigation El Confidencial mercredi 27 février au matin, en plein sommet entre Kim Jong-un et Donald Trump à Hanoï. Des assaillants auraient séquestré pendant au moins quatre heures les membres du personnel en les attachant et en les bâillonnant, avant de saisir du matériel informatique et de prendre la fuite dans des voitures de luxe, selon les sources policières citées par le site.
Le ministère espagnol de l’intérieur a confirmé qu’une enquête est en cours, mais il a précisé qu’aucune plainte n’avait été enregistrée. Le fonctionnaire de plus haut rang de l’ambassade est en principe un attaché commercial : l’ambassadeur nord-coréen à Madrid, Kim Hyok-chol, a été expulsé d’Espagne en septembre 2017 dans le cadre des sanctions contre Pyongyang ; il occupe aujourd’hui le rôle de négociateur en chef de Kim Jong-un sur le nucléaire au sommet d’Hanoï.
« Tout est en ordre »
C’est une femme nord-coréenne qui a donné l’alerte après être sortie de la propriété, dans le quartier résidentiel d’Aravaca, dans le nord-ouest de la capitale espagnole. Elle s’est mise à crier en coréen vers 17 heures le 22 février. Des voisins ont appelé la police, qui l’a emmenée dans un commissariat où elle a expliqué grâce à un interprète qu’un « groupe d’hommes est entré dans l’ambassade et a bâillonné le personnel ».
Dépêchés à l’ambassade, les policiers espagnols se sont vu répondre à l’entrée, par un homme bien habillé avec un pin’s du régime au revers du veston, que tout était « en ordre ». Quelques minutes plus tard, deux voitures sont sorties en trombe par le portail de l’ambassade – dont l’une était conduite par l’homme au pin’s. C’est à ce moment que les employés de l’ambassade sont sortis.
« Les détails de l’affaire restent, depuis ce [vendredi] soir, entourés de mystère », note El Confidencial, qui a pu confirmer auprès du siège de la police madrilène qu’un rapport avait été rédigé ce jour-là au sujet de « lésions » dont une femme, possiblement la Nord-Coréenne qui a sonné l’alerte, a été victime. Les services d’urgences se sont aussi déplacés en fin de journée afin de traiter trois personnes pour blessures légères.
Les deux voitures ont été retrouvées à proximité par la police, et sont analysées. Selon des sources proches de l’enquête citées par El Pais, qui n’écartent pas un cas d’« espionnage politique », les assaillants « savaient ce qu’ils faisaient ».
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