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Pourquoi un chômeur sur cinq touche plus que son ancien salaire

Muriel Pénicaud avait surpris mercredi en lançant ce chiffre détonant qui concernerait 600.000 allocataires. Plusieurs sources confirment cette statistique issue des données de Pôle emploi.

Un chômeur indemnisé sur cinq perçoit une allocation mensuelle supérieure à son salaire moyen antérieur, selon Muriel Pénicaud.
Un chômeur indemnisé sur cinq perçoit une allocation mensuelle supérieure à son salaire moyen antérieur, selon Muriel Pénicaud. (Denis ALLARD/REA)

Par Alain Ruello

Publié le 28 févr. 2019 à 07:01

Un chômeur sur cinq perçoit plus au chômage que lorsqu'il travaillait. Soit, au bas mot, 600.000 personnes indemnisées par Pôle emploi qui perçoivent des allocations mensuelles supérieures à la moyenne de leurs salaires antérieurs ! C'est ce qu'a affirmé de manière détonante Muriel Pénicaud mardi lors d'une conférence de presse conjointe avec Edouard Philippe sur la suite de la réforme de l'assurance-chômage . Et c'est bien ce que confirment les données issues des fichiers d'allocataires de Pôle emploi, assure-t-on de sources concordantes aux « Echos ».

Plus que la mention de ces cas, c'est leur proportion qui a fait réagir dans le Landerneau des spécialistes de l'assurance-chômage. « Faux », a tranché Michel Beaugas, le négociateur de FO sur ces sujets. « Plausible », a estimé au contraire l'économiste Bruno Coquet, cité par Reuters. Les interrogations sont d'autant plus nombreuses qu'on ne trouve nulle trace de chiffre de 20 % dans les études, pourtant nourries, de l'Unédic sur l'indemnisation des chômeurs.

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Salaire journalier de référence

Pour comprendre comment on peut en arriver à toucher plus au chômage, il faut se plonger dans la mécanique très complexe des règles d'indemnisation. Tout part du salaire journalier de référence, le SJR. Il est obtenu en divisant la somme des revenus perçus sur les 12 derniers mois par le nombre de jours travaillés. Une fois calculé, on en déduit (par une autre règle), le montant de l'allocation journalière puis, en multipliant cette dernière par le nombre de jours indemnisables (30, 31 ou 28), l'allocation mensuelle du chômeur.

Les cas pointés par le Premier ministre et sa ministre du Travail concernent les personnes qui multiplient les petits contrats. Exemple avec un salarié qui a enchaîné 12 contrats de 15 jours au SMIC. Il a donc été payé pour quinze jours de travail par mois. Une fois au chômage en revanche, son allocation journalière, calculée sur la base d'un SJR avec 180 jours travaillés (12x15), lui sera servie tous les jours des mois durant lesquels il sera indemnisé.

Parcours professionnels fractionnés

Un autre salarié payé au SMIC mais à mi-temps sur les douze derniers mois touchera moins par mois (son SJR est calculé en divisant par 365 jours travaillés), mais plus longtemps (12 mois, contre 6 mois pour le précédent cas). Dans les deux cas, le capital de droit global est le même mais consommé différemment.

En clair, la règle actuelle appliquée au cas des personnes qui ont des parcours professionnels fractionnés est le résultat d'un arbitrage entre allocation mensuelle plus élevée mais sur une durée plus courte. Mais un arbitrage qui, pour un chômeur sur cinq, aboutit à un taux de remplacement mensuel supérieur à 100 %.

Pour le gouvernement, c'est une incitation à multiplier les contrats courts, très souvent avec le même employeur, surtout si on ajoute le mécanisme des droits rechargeables. Toutes les règles concernées ont donc de très grandes chances d'évoluer pour favoriser le retour à l'emploi durable.

Alain Ruello

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