Environnement Meuse : les poissons meurent entre Haudainville et Belleray

Depuis mi-janvier, les pêcheurs des Chevaliers de la Gaule constatent une forte mortalité chez plusieurs espèces de gros poissons essentiellement entre Haudainville et Belleray. Ils lancent un appel pour obtenir des réponses.
Emilie FIEROBE - 01 mars 2019 à 05:02 | mis à jour le 06 mars 2019 à 12:44 - Temps de lecture :
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Depuis mi-janvier, la situation s’aggrave. « Et pourtant, rien ne bouge », lance Bruno Porini. Ce garde-pêche assermenté, membre des Chevaliers de la Gaule, une association de pêcheurs basée dans le canton de Dieue-sur-Meuse, multiplie les constatations de poissons morts dans la Meuse. En particulier dans le canal entre Haudainville et l’écluse de Belleray. « Ça touche toutes les espèces, en particulier les gros poissons. Des brochets mais aussi des tanches, alors qu’elles sont en général très résistantes à toutes sortes de pollution ».

Pour le garde-pêche, d’où vient le problème ? « Cela reste à prouver mais le 11 janvier dernier, il y a eu un déversement involontaire de milliers de litres de lait dans la Meuse, par la fromagerie Hutin, à Dieue-sur-Meuse. Les jours qui ont suivi, j’ai retrouvé nombre de cadavres de poissons dans l’eau. Et depuis ça continue. »

Pourtant, le lait, ce n’est pas toxique, si ? « C’est une denrée périssable dont la nocivité se fait dans le temps. Ouvrez une bouteille de lait, laissez là dans votre frigo pendant trois semaines et buvez-la, vous verrez quels effets le lait périmé aura sur votre organisme… »

« On n’a aucune réponse »

Reste que, pour Bertrand Burgain, vice-président des Chevaliers de la Gaule, il faut rester prudent. « Nous ne savons pas si cela a un lien de cause à effet. Et d’ailleurs, nous n’affirmons rien. Mais force est de constater que les poissons crèvent dans le canal. On voudrait savoir pourquoi. » L’association de pêche a envoyé plusieurs courriers : « On a écrit au procureur de la République, au sous-préfet, aux maires du secteur concerné, à Voies Navigables de France, à tout le monde ! On n’a aucune réponse… »

La fédération meusienne de la pêche suit également le dossier de près. Un de ses chargés de mission, Fabrice Héberlé, s’est rendu sur les lieux dernièrement, pour y faire des prélèvements, en compagnie d’un agent de l’Association française de la biodiversité. « On est venu mesurer le taux d’oxygène dans l’eau. Mais a priori, la pollution, s’il y en a une, n’a rien à voir avec l’oxygène ».

3 000 € de rempoissonnement

Ce qui étonne le technicien de la fédération, qui a constaté lui aussi l’hécatombe, sur place, c’est que la mortalité touche toutes les espèces : « Il y a de la carpe, du brochet, de la tanche, de la perche et majoritairement de taille adulte ! Les pollutions qu’on voit régulièrement ne touchent pas les gros poissons. Dans ce cas, c’est comme si un produit chimique avait été déversé en aval du cours d’eau. »

Le technicien se dit inquiet et a lui aussi fait des rapports. « Nous, nous n’avons pas de pouvoir d’enquête. Mais les constats sont faits ». Il reçoit beaucoup de coups de fil de marcheurs ou de vététistes, qui longent le canal, sur la véloroute voie verte et qui s’inquiètent d’y voir des poissons morts. Quant aux pêcheurs des Chevaliers de la Gaule, ils sont très mécontents : « Ils payent une carte de pêche et quand ils arrivent, ils trouvent des cadavres. D’autant que dernièrement, on a rempoissonné le cours d’eau à hauteur de 3 000 €, tout ça pour en arriver là », confie Bertrand Burgain. Qui finit par lâcher : « On n’a l’impression que personne ne nous écoute. On se sent démuni. C’est grave, cette situation. »

Pour nous, le nombre de poissons morts est évalué de 200 à 300 kg

Bertrand Burgain  Vice-président des Chevaliers de la Gaule