"On frise le ridicule": pourquoi la suspension pour dopage du n°1 mondial du bridge crée la polémique

Le meilleur bridgeur du monde, qui porte les couleurs monégasques, a été suspendu pour un an à la suite d’un contrôle antidopage positif à la testostérone. Bizarre…

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arnault cohen Publié le 02/03/2019 à 08:08, mis à jour le 02/03/2019 à 10:05
Geir Helgemo a été suspendu un an à la suite d’un contrôle antidopage positif à la testostérone. European Bridge League

Sur les forums de bridge, dans le monde entier, on ne parle que de lui, depuis jeudi. Geir Helgemo, le numéro 1 mondial, a été suspendu un an à la suite d’un contrôle antidopage positif à la testostérone. Ainsi en a décidé la Fédération internationale de bridge (WBF), jeudi.

>>RELIRE. Le n°1 mondial du bridge, qui porte les couleurs de Monaco, contrôlé positif à la testostérone

Le monde du bridge monégasque est particulièrement effaré par cette affaire, révélée par nos confrères de l’AFP. Et pour cause : ce Norvégien de 49 ans, véritable star des tapis verts, réside en Principauté depuis 2012. Surtout, il porte les couleurs rouges et blanches dans les compétitions internationales. C’est d’ailleurs lors des championnats du monde de bridge, le 29 septembre 2018 à Orlando, en Floride, que le joueur a été contrôlé positif à la testostérone.

"Un bridgeur n’est pas un sportif"

Le fait que cette substance ait été relevée ne souffre aucune contestation. En revanche, une question se pose : en quoi la testostérone, connue pour augmenter le volume musculaire et les performances sportives, peut-elle améliorer les performances d’un joueur de bridge? "Je ne suis pas médecin mais je ne vois pas en quoi un tel produit peut avoir un rôle dopant pour un bridgeur", répond un joueur très averti, en l’occurrence Jean-Charles Allavena, président de la Fédération monégasque de bridge (FNB) jusqu’en 2016, un proche de Geir Helgemo.

Il ajoute: "Ce n’est pas sérieux. On frise le ridicule. Un joueur de bridge ne peut pas être comparé à un sportif. La vraie question que l’on devrait se poser est de chercher, pour ce qui concerne notre sport, quelles substances pourraient effectivement augmenter les capacités de concentration, de gestion du stress et de résistance à la fatigue, quand on joue six heures par jour dans un tournoi."

Geir Helgemo apparaît ainsi comme la victime collatérale d’un vieux rêve des bridgeurs, celui de voir leur discipline admise aux Jeux Olympiques. "Les discussions avec le Comité international olympique ont été extrêmement nombreuses, explique Jean-Charles Allavena. Nous n’avons pas obtenu gain de cause mais le bridge a tout de même été reconnu comme un sport et notre fédération sportive est devenue membre du CIO."

La WBF est ainsi l’une des 36 fédérations internationales reconnues par le Comité international olympique (CIO) au même titre que le karaté ou le surf, en plus des 28 fédérations olympiques d’été et 7 fédérations olympiques d’hiver.

Conséquence de cette reconnaissance, le bridge doit se plier aux règles de l’olympisme, et notamment à celles du contrôle antidopage. Ainsi, lors des compétitions internationales, des bridgeurs sont tirés au sort pour subir lesdits contrôles. Et c’est ainsi que le joueur de la Principauté a été contrôlé positif à la testostérone en septembre dernier à Orlando.

"Geir n’est pas du genre à se doper"

La loi est la loi : c’est une infraction aux règles antidopage, a expliqué la WBF dans un communiqué. La commission antidopage de la fédération internationale a donc suspendu Geir Helgemo pour un an, jusqu’au 20 novembre 2019. Le joueur, âgé de 49 ans, devra également rembourser les frais pour les auditions de la commission antidopage, à hauteur de 3.659€.

"Geir n’est pas du tout le genre d’homme à chercher à se doper, assure Jean-Charles Allavena, qui le connaît bien. Et puis, ce n’est pas dans l’état d’esprit des joueurs de bridge d’Europe du Nord, qui ont un respect total du jeu et de son éthique."

Cette décision, pour autant, est un coup dur pour le meilleur joueur du monde et pour le bridge monégasque. Ironie du sort, le jour où la suspension a été prononcée, une joueuse de bridge portant les couleurs de la Principauté décrochait un titre prestigieux. Nathalie Frey, membre de la FMB et professeur de bridge à Monaco, a été sacrée championne d’Europe par équipe mixte.

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