TRIBUNE

Pour un 8 mars féministe universaliste!

Dénonçant toutes les «impostures décoloniales, indigénistes, racialistes, postmodernes…»,près d’une centaine de personnalités signent un appel revendiquant un féminisme laïque et universel.

publié le 3 mars 2019 à 17h06
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Tribune. Le 8 mars a lieu la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, c'est un moment fort de l'action militante et institutionnelle.

Nous constatons avec satisfaction que nombre d’événements en lien avec cette journée sont organisés ; en revanche, la mobilisation est morcelée : le relativisme culturel est passé par là, nous divisant en autant de groupes antagonistes et fabriquant des clivages imaginaires.

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C’est inacceptable. Pour résister à cette entreprise de division, nous, signataires de l’appel «Pour un 8 mars féministe universaliste !», souhaitons remettre en lumière les valeurs fondatrices du féminisme et son inscription dans l’universalité des droits.

Nous l’affirmons, seule la vision universelle du féminisme est à même de créer des solidarités entre les femmes qui, partout dans le monde et à des degrés divers, subissent discriminations et violences patriarcales, et se battent pour leur libération. Les solidarités épaulent les résistantes partout dans le monde.

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Nous sommes solidaires des femmes en lutte : pour le droit à la contraception et à l’IVG, pour la liberté de sexualité et d’orientation sexuelle, contre la marchandisation du corps des femmes et les mutilations sexuelles partout dans le monde, contre les féminicides en Amérique latine et en Asie, contre le port du voile obligatoire en Iran et en Arabie Saoudite, etc.

Comment accepter qu’un congrès de féministes universitaires interdise de parole et de débat des intervenantes portant les valeurs universalistes et laïques du féminisme, comme ce fut le cas en août dernier à Nanterre, lors du Congrès international des recherches féministes dans la francophonie ?

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Comment accepter que des luttes «racialistes» supplantent les préoccupations sociales ?

Comment accepter que le 25 novembre dernier, Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, les organisatrices de la manifestation #NousToutes, imitant le courant racialiste venant des Etats-Unis, nouent des alliances avec des groupes portant le relativisme culturel et le morcellement des droits en fonction de la couleur de la peau ou de la religion ?

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Comment accepter que des rencontres se qualifiant de féministes puissent exclure des femmes en fonction de leur couleur de peau et de leurs origines ?

Comment accepter que le voilement des fillettes, qui les conditionne à une vision hiérarchisée des sexes, se répande en France et dans le monde ?

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Ces développements sont d’autant plus inquiétants que des médias accordent une place grandissante à ce qu’ils appellent les «nouveaux féminismes». Qu’ont-ils donc de nouveau ou même de féministe ? En réalité, ils renvoient les femmes à des assignations identitaires, culturelles et religieuses (ainsi en est-il du voile, du burkini…) ; essentialistes et différentialistes, ils compromettent l’émancipation des femmes, renforcent les inégalités entre elles, et retardent l’égalité femmes-hommes.

Nous, signataires de l’appel «pour un 8 mars féministe universaliste !» affirmons que :

  • c'est dans une démocratie laïque que les droits des femmes sont les mieux protégés ;
  • les assignations identitaires, communautaires et religieuses ne peuvent pas libérer les femmes de la domination masculine ;
  • les courants de pensée relativistes, postcoloniaux et racialistes qui prétendent porter le féminisme ne font que l'instrumentaliser et l'adapter aux règles posées par l'oppresseur ;
  • les oppressions qui se surajoutent ne doivent pas diluer ni retarder les luttes féministes : des luttes ont toujours fait passer les droits des femmes derrière d'autres agendas.
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Face aux impostures décoloniales, indigénistes, racialistes, postmodernes… qui ne sont que récupération politique et instrumentalisation du féminisme, nous réaffirmons que la laïcité et l’universalisme sont des fondamentaux du féminisme. C’est la modernité politique, l’héritage des Lumières.

Premier·e·s signataires :
Yvette Roudy ancienne ministre des Droits des femmes
Elisabeth Badinter philosophe
Zineb el-Rhazoui
journaliste, militante laïque
Marieme Helie Lucas sociologue, coordinatrice internationale de Siawi Catherine Kintzler philosophe, membre fondateur du Comité laïcité république Djemila Benhabib politologue et écrivaine
Patrick Kessel président d'honneur du Comité laïcité république
Annie Sugier présidente Ligue du droit international des femmes (LDIF) Françoise Laborde sénatrice, présidente d'Egale
Maryam Namazie conseil ex-musulmans de Grande-Bretagne (One Law for All), Fitnah (Mouvement de libération des femmes en Iran)
Françoise Laborde journaliste, essayiste
Laure Caille présidente Libres Mariannes
Nadia el-Fani cinéaste *
Anny Duperey actrice et romancière
Sabine Salmon présidente Femmes solidaires
Jean-Pierre Sakoun président du Comité laïcité république
Geneviève Couraud secrétaire générale de Negar (Soutien aux femmes d'Afghanistan) Ensaf Haidar présidente de la fondation Raif Badawi
Viviane Teitelbaum femme de paix 2018 et députée au Parlement de Bruxelles Monique Halpern coprésidente Conseil d'orientation Institut Emilie-du-Châtelet Christine Le Doaré militante féministe universaliste, co-porte-parole des Vigilantes Arlette Zilberg militante féministe universaliste, co-porte-parole des Vigilantes Amine el-Khatmi président du Printemps républicain
Marie-Laure Brossier militante laïque et féministe, élue en Seine-Saint-Denis Fatiha Boudjahlat enseignante, essayiste, militante laïque, féministe universaliste Sihem Habchi militante féministe
Céline Pina essayiste,
Laurence Marchand-Taillade essayiste et présidente Forces laïques
Michèle Vianès présidente de Regards de femmes,
Huguette Klein présidente Réussir l'égalité femmes-hommes
Monique Dental présidente Réseau féministe ruptures
Frédérique Calendra maire du XXe arrondissement de Paris
Nadia Benmissi et Nadia Ouldkaci fondatrices du collectif Femmes sans voile d'Aubervilliers
Laurent Bouvet professeur de science politique, cofondateur du Printemps républicain Naëm Bestandji blogueur, militant pro-féministe et laïque, etc.

La liste complète des signatures figure sur le Blog du Réseau des Vigilantes : https://vigilantes2015.wordpress.com