Une association alerte sur l'état de santé auditive des jeunes

Publié le par Alexandra Bresson

A quelques jours de la 22e Journée nationale de l’audition, l’association JNA lance une alerte en ce qui concerne les jeunes et leur écoute constante de la musique sur leur téléphone portable. Car cette mauvaise habitude qui n'est pas sans impacter leur santé auditive perdure, alors que plusieurs d'entre eux ont déjà ressenti des acouphènes.

Chaque année, la Journée nationale de l'audition (14 mars) est l'occasion d'alerter l’opinion publique sur le lien entre les oreilles et la santé. Cette année, les experts de l'association du même nom ont choisi de promouvoir l'audition comme l'un des éléments essentiels de l'équilibre de vie et de santé, un élément trop souvent oublié. C'est à quelques jours de cet événement que cette dernière souhaite rappeler aux pouvoirs publics et aux acteurs de la santé qu'il existe plusieurs éléments d'alerte, qui pourrait faire passer le niveau à celui d’alarme, en ce qui concerne l'état de santé auditive des plus jeunes. En cause notamment, l’impact des pratiques toxiques d’écoute de musique via les oreillettes.

Dans son dernier état des lieux, l'association souligne ainsi que 57% des Français ont commencé à écouter de la musique sur leur portable après 15 ans et 16% ont commencé entre 11 et 15 ans. Par ailleurs, 65% des 15-17 ans écoutent la musique sur leur smartphone avec des oreillettes contre 43% sur l’ensemble du panel. La dangerosité se trouve augmentée du fait de l’introduction des oreillettes dans le creux du conduit auditif : seuls 19% des moins de 35 ans utilisent un casque classique. Une mauvaise habitude qui peut s'avérer particulièrement dangereuse dans les transports généralement très bruyants, qui obligent à monter le son du smartphone : cela augmente le risque de lésion du système auditif.

Un jeune sur trois n’a pas conscience des risques

Ainsi, un jeune sur quatre reconnaît écouter la musique avec un volume sonore élevé, un chiffre qui monte à un jeune sur trois chez les 28-34 ans tandis que 86% des plus de 35 ans l'écoutent à un niveau modéré. Le smartphone accompagne aussi les jeunes dans leur sommeil puisqu'un jeune sur deux déclare s’endormir avec la musique qu'il diffuse. « Ces pratiques de consommation de la musique inquiètent tant sur l’état de santé du système auditif des jeunes et les risques de surdité précoce que sur les capacités d’apprentissage et leur dynamisme général. En effet, le stress acoustique déséquilibre les mécanismes de l’audition, les empêchant d’être en mesure de bien entendre pour bien comprendre », affirme l'association JNA.

Sans compter que ce type d'écoute constante conduit à une réduction du temps de récupération du système auditif, un facteur aggravant de risques de fragilisation du système auditif et donc de survenue de troubles de l’audition. « L’écoute prolongée de musique via oreillettes peut aussi constituer un risque d’aggravation de facteurs de dépression au sein de cette population des 15 -18 ans, lors de cette période si particulière de l’adolescence », ajoutent les experts. Or, si 85% de la population est consciente des risques liés à une durée d’écoute prolongée avec un casque ou des oreillettes, cet état de conscience est plus faible chez les 15-17 ans car 32% d’entre eux n’ont pas conscience des risques.

Une nouvelle norme de l'OMS pour prévenir la déficience auditive

Et pourtant ses chiffres montrent que quatre jeunes sur dix ont déjà ressenti des acouphènes (sifflements ou bourdonnements) à la suite d’une écoute prolongée de musique avec casque ou oreillettes. Parmi eux, ils sont 26% chez les 15-17 ans, 42% chez les 18-24 ans et 41% chez les 25-34 ans. En guise de conclusion, l'association tient à rappeler « que les cellules sensorielles s’usent avec l’avancée en âge et que le principe de compensationde la perte auditive à partir de 60 ans est de s’appuyer sur le capital restant. » Or, si les jeunes ont des oreilles de « 60 ans » à l'âge de 18 ans, quel capital auditif résiduel leur restera-t-il lorsqu’ils atteindront l’âge de la presbyacousie, soit une perte irréversible de l’audition liée à l’âge.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, 466 millions de personnes dans le monde ont une déficience auditive handicapante, dont 34 millions sont des enfants. Celle-ci précise par ailleurs que chez l’enfant, 60% des cas de déficience auditive sont dus à des causes évitables et que 1,1 milliard de jeunes (de 12 à 35 ans) risquent une déficience auditive par exposition au bruit dans un cadre récréatif. C'est pourquoi cette dernière a annoncé en février avoir publié une nouvelle norme internationale pour la fabrication et l’utilisation des appareils audios personnels, mise au point dans le cadre de l’initiative « Écouter sans risque » qui vise à améliorer les habitudes d’écoute chez les jeunes.