Deux mois après avoir pris le contrôle de la Chambre des représentants, les démocrates mettent en branle la machine judiciaire et lancent une enquête aux multiples ramifications auprès de plus de 80 personnes et organisations de la galaxie Trump.

L’investigation, menée par le président de la commission judiciaire de la Chambre, Jerry Nadler, “se concentrera sur trois sujets clés : entrave à la justice, corruption et abus de pouvoir”, détaille The Hill. “Nadler a lancé sa vaste enquête moins d’une semaine après le témoignage explosif de l’ancien avocat du président, Michael Cohen, devant le Congrès”, ajoute le site Internet.

Fox News remarque que “les démocrates du Congrès ont promis à de nombreuses reprises d’exercer un contrôle étroit de l’administration Trump” depuis leur victoire aux élections de mi-mandat en novembre. “Mais les commentaires de Nadler montrent que les responsables démocrates ne considèrent pas les conclusions à venir sur l’enquête russe du procureur spécial Robert Mueller comme le point final des enquêtes”, ajoute le site de la chaîne conservatrice.

Dans un communiqué, repris par USA Today, Jerry Nadler – un “ennemi de trente ans” de Donald Trump, dont il combattait déjà les projets immobiliers à New York dans les années 1980 – estime que “ces dernières années, le président Trump a n’a pas eu à rendre de comptes sur ses attaques quasi quotidiennes contre nos règles et normes légales, éthiques et constitutionnelles”. Et de poursuivre : “Nous avons vu les dégâts causés à nos institutions démocratiques.”

“Farce”

Parmi les personnes contactées lundi dans le cadre de l’enquête figurent à la fois “des alliés de longue date de Trump, mais aussi, plus largement, des individus et organisations liées à l’administration Trump et à ses entreprises”, observe NPR. Les intéressés ont jusqu’au 18 mars pour fournir les documents demandés, et la commission, qui veut aller vite, n’exclut pas d’envoyer des assignations à ceux qui ne répondraient pas dans les délais impartis.

De la liste de 81 noms et organisations sollicités lundi, on retiendra notamment les deux fils du président, Eric et Donald Jr., son gendre et conseiller Jared Kushner, son avocat personnel Jay Sekulow, d’anciens responsables de la Maison-Blanche comme Steve Bannon et Sean Spicer, ainsi que le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.

Interrogé par la presse, Donald Trump s’est empressé de qualifier l’enquête de “farce”, mais a assuré qu’il répondrait aux enquêteurs. “Je coopère tout le temps avec tout le monde”, a-t-il dit, selon Politico. “Et vous savez ce qui est bien ? C’est qu’il n’y a pas eu de collusion” avec la Russie, a-t-il réitéré. La porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders, a estimé quant à elle que les investigations sur le président étaient “honteuses”.

Pour The Atlantic, cependant, cette nouvelle enquête est “potentiellement la plus dangereuse à ce jour pour la présidence” Trump, car elle pourrait “jeter les bases d’une procédure de destitution”.

Une opinion partagée par le New York Times, qui souligne que “M. Nadler n’a certes pas mentionné le mot destitution dans un seul des documents diffusés lundi, mais son spectre plane sur les responsables démocrates alors qu’ils s’enfoncent dans le marigot présidentiel”.