Le topo

Le Blaue Reiter en 2 minutes

En bref

Formé à Munich en 1911, le Cavalier bleu (Blaue Reiter en allemand) est un groupe de l’avant-garde expressionniste. Vassily Kandinsky et Franz Marc en sont les figures de proue. Rédactrice d’un célèbre almanach, cette petite cellule a eu la trajectoire d’une comète : à peine deux expositions avant de s’éteindre dans les feux de la Grande Guerre ! Cependant, le Blaue Reiter fut grand par son apport à l’histoire de l’art moderne. Renouant art et spiritualité, il a marqué une étape essentielle vers l’art abstrait.

« Notre but est de montrer dans la variété des formes représentées comment le désir intérieur des artistes se réalise de multiples façons. » Vassily Kandinsky

Gabriele Münter, Maria Marc, Bernhard Koehler Senior, Thomas Von Hartmann, Heinrich Campendonk et (assis) Franz Marc, sur le balcon de l’appartement de Kandinsky et de Münter à Munich
voir toutes les images

Gabriele Münter, Maria Marc, Bernhard Koehler Senior, Thomas Von Hartmann, Heinrich Campendonk et (assis) Franz Marc, sur le balcon de l’appartement de Kandinsky et de Münter à Munich, 1911

i

© Gabriele Münter und Johannes Eichner-Stiftung, München

Histoire du mouvement

En choisissant l’emblème des cavaliers et des chevaux, les membres du Blaue Reiter traduisent leur quête de liberté. La couleur bleue, quant à elle, évoque tant le détachement du réel que la spiritualité. À l’origine, ils sont deux à conduire la fondation de ce groupe : Vassily Kandinsky et Franz Marc, opposés à l’art bourgeois et pétris de mysticisme. Ils se rencontrent et s’associent en 1911, à Munich, une ville au climat libéral. Une aventure préparée dès 1909 par la fondation de La Nouvelle Association des artistes munichois (Neue Künstlervereinigung München, abrégé couramment en NKVM), dont Kandinsky était le président.

Le mouvement n’a ni programme, ni adhérents ! Pour comprendre le dessein du Blaue Reiter, il faut s’en remettre aux écrits théoriques de Kandinsky, notamment Du Spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier, publié en 1911. L’artiste prône un art basé sur l’intériorité, l’expression des formes et des couleurs pures. Pour lui, la peinture est « cosa mentale », c’est une chose de l’esprit et non de la matière. En cela, elle est proche de la musique. Kandinsky est la vraie personnalité motrice du Blaue Reiter, et le nom du groupe reprend d’ailleurs le titre de l’un de ses tableaux de 1903.

Quelques artistes suivent Kandinsky et Marc : Gabriele Münter, Marianne von Werefkin, Alexej von Jawlensky et August Macke. En 1911, une première exposition est organisée, suivie en 1912 par la réalisation d’un almanach. Il s’agit d’une publication ouverte à toutes les entreprises de l’art moderne et abondamment illustrée. Kandinsky explique : «  Nous nous étions, Marc et moi, jetés sur la peinture, mais la peinture seule ne nous suffisait pas. Ensuite j’eus l’idée d’un livre synthétique qui effacerait les vues courtes et périmées, ferait tomber les murs entre les arts… et démontrerait finalement que la question de l’art n’est pas une question de forme, mais de contenu artistique.  » 

En 1912, le groupe expose à Paris et intéresse certains artistes, comme Robert Delaunay. L’histoire du Blaue Reiter prend fin avec le déclenchement de la Grande Guerre, en août 1914. Kandinsky s’enfuit en Russie, Marc et Macke mourront sur le champ de bataille. L’esprit du Blaue Reiter continuera cependant d’exister au travers du Bauhaus, où Kandinsky enseigne à partir de 1922.

Œuvres majeures

Vassily Kandinsky, Le Cavalier bleu
voir toutes les images

Vassily Kandinsky, Le Cavalier bleu, 1903

i

Huile sur toile • 62,1 × 54,6 cm • Fondation E.G. Bührle, Zurich • © Fondation E.G. Bührle, Zurich/Bridgeman Images

Vassily Kandinsky, Le Cavalier bleu, 1903

Vassily Kandinsky, fondateur et théoricien du groupe, a choisi le titre de cette œuvre pour baptiser le mouvement. Pour ce peintre orthodoxe, le bleu est la couleur céleste et spirituelle par excellence. Le cavalier peut, quant à lui, évoquer Saint Georges, une figure de combat. Elle sera reprise sur la couverture de l’almanach publié en 1912.

Franz Marc, Cheval bleu I
voir toutes les images

Franz Marc, Cheval bleu I, 1911

i

Huile sur toile • 112,5 × 84,5 cm • Stadtische Galerie im Lenbachhaus, Munich • © Stadtische Galerie im Lenbachhaus, Munich/Artothek/Bridgeman Images

Franz Marc, Cheval bleu I, 1911

Le peintre Franz Marc, qui mourut à Verdun en 1916, est célèbre pour ses chevaux, son animal de prédilection. Sa rencontre avec Vassily Kandinsky en 1911 fut décisive dans sa courte carrière. L’artiste verse dans l’onirisme, utilisant des couleurs non conformes à la réalité. Pour lui, le cheval incarne des valeurs positives (comme la force, la bonté), qui sont parfois absentes chez l’Homme. L’artiste attribuait aux couleurs des vertus particulières. Le bleu, notamment, est une couleur masculine et spirituelle, qui s’oppose au rouge, couleur de la violence.

Gabriele Münter, Marianne von Werefkin
voir toutes les images

Gabriele Münter, Marianne von Werefkin, 1909

i

Huile sur carton • 81 × 55 cm • Stadtische Galerie im Lenbachhaus, Munich • © Stadtische Galerie im Lenbachhaus, Munich/Bridgeman Images

Gabriele Münter, Portrait de Marianne von Werefkin, 1909

En 1908, le couple formé par Vassily Kandinsky et Gabrielle Münter se rend à Murnau, en Haute-Bavière. Ils font la connaissance d’un autre couple libre, Marianne von Werefkin et Alexej von Jawlensky. Ce portrait représente Marianne, artiste d’origine russe, un an après leur rencontre. Dans un esprit expressionniste (que partagent aussi les Fauves), le portrait est rendu par des formes simplifiées, colorées et cernées de noir. L’artiste semble s’être inspirée des vitraux anciens. Plus tard, Münter produira une œuvre franchement abstraite.

August Macke, Le Restaurant du jardin
voir toutes les images

August Macke, Le Restaurant du jardin, 1912

i

Huile sur toile • 81 × 105 cm • Kunstmuseum, Berne • © Fine Art Images/Heritage Images/Getty Images

August Macke, Le Restaurant du jardin, 1912

August Macke découvre l’impressionnisme en 1907, puis s’oriente en 1909 vers une épure formelle, sous l’influence des Fauves, et d’Henri Matisse en particulier. En 1911, il se lie avec Vassily Kandinsky et Franz Marc et participe activement au Blaue Reiter, avant de se désolidariser en 1913. Macke, en effet, se définit comme plus contemplatif que spirituel. Comme on le voit dans cette œuvre, qui peut faire songer à certaines toiles d’Auguste Renoir par son sujet, Macke reste attaché au spectacle de la vie citadine.

Par • le 4 mars 2019

Vous aimerez aussi

Carnets d’exposition, hors-série, catalogues, albums, encyclopédies, anthologies, monographies d’artistes, beaux livres...

Visiter la boutique
Visiter la boutique

À lire aussi