Gilets jaunes : homme blessé au visage lors de "l'acte 16", la nouvelle vidéo d'un témoin

David Douïeb
Publié le 6 mars 2019 à 10h39

Source : Sujet JT LCI

TÉMOIGNAGE - Un homme a été blessé au visage en marge du cortège parisien des Gilets jaunes samedi 2 mars. Plusieurs témoins évoquent un tir de LBD. L'IGPN a ouvert une enquête. Un témoin a filmé la scène. Encore sous le choc, il raconte ce qu'il a vu.

Un bruit sourd. Puis un homme couché sur le bitume, le bas du visage ensanglanté. Samedi 2 mars, un homme a été gravement blessé à la mâchoire alors qu’il se trouvait près de l’Arc de Triomphe à Paris lors de la nouvelle journée de mobilisation des Gilets jaunes. Une nouvelle fois, le lanceur de balle de défense (LBD) est mis en cause par les témoins. L’enquête en "recherche des causes de blessures" a été ouverte par le parquet de Paris. Elle a été confiée à l’IGPN et devra déterminer les causes mais aussi les éventuelles responsabilités de ce tir. 

Nous avons retrouvé un témoin qui filmait au moment des faits. Il nous a autorisés à diffuser ses images. "Sur la place, il y avait plus de personnes lambdas que de manifestants. Et les Gilets jaunes présents venaient de quitter les Champs-Elysées où se concentrait le cortège. Autrement dit, ils ne manifestaient plus", assure Loïc. C’est à la suite de l’interpellation d’un homme que les choses basculent. "C'est à ce moment-là que j'ai pris mon téléphone pour filmer. Certaines personnes ont alors commencé à huer les policiers, sans virulence, sans violence", assure-t-il. "Ils étaient surtout là pour filmer et montrer leur soutien à la personne interpellée" qui, affirme-t-il, "saignait au visage". 

Soudain on entend une détonation

Sur la vidéo, on distingue les policiers qui reculent sous les huées d’un groupe peu nombreux, quelques dizaines de personnes tout au plus. Aucune sommation n’est alors entendue. Ni d’ailleurs d’utilisation de grenade lacrymogène. La caméra filme le petit groupe qui avance vers les policiers puis se détourne vers l'avenue où des badauds, visiblement étrangers au cortège, pressent le pas en traversant. Soudain, on entend une détonation. Puis des cris. Un mouvement de foule. La caméra montre alors un homme au sol. Vêtu d’un jean et d’une doudoune noire, il saigne abondamment. Plusieurs personnes l’écartent de la scène. Les policiers avancent à nouveau et encadrent la foule présente. Des "street medics", ces soigneurs qui interviennent dans les manifestations, adressent les premiers soins au blessé. Des cris fusent à l’encontre des forces de l'ordre pour dénoncer cette blessure.  

Sur le blessé, un homme de 41 ans, peu d’informations ont, pour l’heure, filtré. Hospitalisé à la Pitié Salpêtrière, il a reçu par la suite plusieurs points de suture au visage. "C'était un monsieur qui passait par là par hasard", assure Loïc avant de fustiger la réaction des forces de l'ordre et d'assurer que le ou les policiers équipés d'un LBD "visaient à hauteur de visage ; donc c'était évident que si ça tirait, ça allait toucher la tête de quelqu'un". Et d'ajouter : "Si c'était pas ce monsieur, c'était moi ou le type derrière moi." A noter que les policiers équipés de LBD sont dorénavant munis d'une caméra. Ce qui devrait faciliter grandement l'enquête de l'IGPN.  

Cette blessure, dont les circonstances restent à éclaircir (...) est intervenue alors qu'il "y a eu quatre tirs de LBD seulement" samedi lors de l'acte 16 des "gilets jaunes", a assuré de son côté Michel Delpuech, le préfet de police de Paris. "Dès que j'aurai le rapport détaillé sur les circonstances de l'événement, je le transmettrai bien sûr à l'IGPN et je verrai en interne (...) les initiatives à prendre si la règle de droit n'a pas été respectée". Depuis le début de ce mouvement de contestation inédit, la "police des polices" est saisie "d'une centaine de cas" d'accusations de violences policières. "Il n'y a eu encore aucune sanction engagée. Ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas", assure encore le préfet de police qui justifie l'usage du LBD en raison du "contexte" de violences et "d'émeutes urbaines".

Éprouvé et encore sous le choc, Loïc, lui, attend désormais les conclusions de l’enquête. 


David Douïeb

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