MOMO CHALLENGE- Accusé d'avoir causé la mort d'enfants et d'adolescents, le "Momo Challenge" ne serait en réalité qu'un canular. Ce mardi 5 février,Le Monde a décidé de s'attaquer une nouvelle fois à ce prétendu "jeu dangereux" en mettant en avant l'idée que le phénomène n'aurait jamais existé. Comme le rappelle le site, le 28 février dernier, le porte-parole des Samaritains (l'équivalent anglais de la Croix-Rouge) a déclaré à The Guardian qu'il n'y avait à l'heure actuelle "aucune preuve vérifiée dans ce pays ni au-delà du lien entre Momo et le suicide".
De même, la National Society for the Prevention of Cruelty to Children (NSPCC) a affirmé qu'il n'y avait aucune preuve que le "Momo Challenge" constitue une menace pour les enfants britanniques et a assuré avoir reçu plus d'appels à ce sujet de la part des médias que des familles. Le UK Safer Internet Center a même qualifié le phénomène de "fake news".
En France, le directeur des opérations de l'association e-Enfance, Samuel Comblez a assuré au Monde qu'"il n'y a pas eu de cas suicide ni de blessé lié au Momo Challenge". "C'était surtout une légende urbaine avec de nombreux faux Momo, qui a suscité l'excitation des adolescents qui aiment se faire peur. Quand j'étais petit, c'était la Dame blanche, aujourd'hui c'est Momo", explique-t-il. Pourtant, ce challenge était remonté jusqu'à Gérard Collomb, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, en août 2018. En novembre, le père d'une victime a également attaqué l'État, WhatsApp et YouTube.
Une responsabilité des médias
Le "Momo Challenge" est une invention de la presse argentine. Le 25 juillet 2018, El Diario Popular conclut trop rapidement qu'une adolescente âgée de 12 ans s'était suicidée en raison d'un certain "jeu de Momo". Mais quelques jours plus tard, les enquêteurs changent de piste en apprenant par l'autopsie que la jeune fille a été victime d'une agression sexuelle.
Il est pourtant trop tard, les médias du monde entier s'emparent de l'affaire et évoquent un jeu dangereux: il consiste à contacter sur la messagerie WhatsApp un dénommé "Momo". Celui-ci lance chaque jour à l'utilisateur des défis de plus en plus dangereux, jusqu'à le pousser au suicide.
Origine du "Momo Challenge"
Selon une enquête duMondepubliée le 18 septembre 2018, le phénomène est né d'un canular créé par de jeunes sud-américains sur Facebook. C'est DrossRotzank, youtubeur vénézuélien qui a associé "Momo" à une femme au visage effrayant, dont l'origine est en réalité une sculpture japonaise conçue par Keisuke Aiso. Elle avait été présentée pour la première fois en 2016 lors d'une exposition dans le quartier de Ginza à Tokyo, mais n'avait alors pas attiré l'attention. L'artiste s'était inspiré d'une "ubume" une figure nippone désignant le fantôme d'une femme morte en couches.
Le 3 mars dernier, le tabloïd The Sun avait rencontré l'artiste Keisuke Aiso. Celui-ci avait annoncé qu'il avait pris la décision de détruire son œuvre, expliquant qu'il se sentait "responsable" d'avoir fait peur aux enfants: "Les enfants peuvent être rassurés, Momo est morte; elle n'existe plus et le maléfice a été levé."
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