C’est un lieu de solidarité et de convivialité. Le Vestiaire des migrants, niché en haut de l’église Saint-Bernard de la Chapelle à Paris, récupère des vêtements d’Emmaüs Défi et de particuliers pour les distribuer, le week-end, à des migrants démunis. Des centaines affluent ici chaque samedi et dimanche pour un manteau, un pull, un kit d’hygiène. Une bulle de réconfort pour des personnes soumises à des conditions très précaires.

Le rendez-vous est donné devant l’entrée de l’église Saint-Bernard de la Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris. Un des bénévoles indique le chemin du Graal, celui qui mène au Vestiaire des migrants, un lieu de solidarité où les plus démunis peuvent récupérer quelques habits. Niché en haut de l’église, on y accède par un escalier jonché de sacs poubelles remplis de vêtements. L’association Emmaüs Défi vient de les déposer au pied de l’église, c’est maintenant l’heure du tri.

À l’intérieur de ce petit “vestiaire”, une dizaine de bénévoles s’affairent à déballer les sacs, d’un côté les vêtements d’hommes, de l’autre les femmes et ceux des enfants. “On sait maintenant ce qui plaît aux migrantes donc on les met de côté”, explique Claudine, infirmière à la retraite, en pliant un pantalon. “Elles n’aiment pas les couleurs vives”, ajoute son acolyte, Sylvie. “Le mercredi on reçoit les vêtements et on prépare tout pour le week-end”, explique-t-elle.

Un lieu de convivialité et de partage

Ici, tous les samedis et dimanches, plus de 200 migrants viennent récupérer un manteau, un pull, des chaussures et même des kits d’hygiène. “Ici on est tous égaux, c’est ce qui compte le plus”, explique Pedro. C’est lui qui a ouvert le Vestiaire, il y plus de cinq ans, grâce à l’aide de l’église Saint-Bernard de la Chapelle, lieu emblématique de soutien aux sans-papiers. “On travaille en collectif, personne n’est le chef. On crée des liens forts entre nous et surtout, on se respecte. Les plus anciens apprennent au nouveau et ça fonctionne”.

Dès 6 heures du matin, le jour des dons, les migrants affluents en bas du local de ce vestiaire solidaire. Pedro a mis en place un système de ticket et fait monter cinq personnes à la fois pour les essayages. “C’est un lieu de convivialité et de partage. Il ne s’agit pas seulement de donner des vêtements, on les aide pour leurs papiers, on essaye de détecter les mineurs pour les réorienter vers des hébergements dédiés”, avance Claudine.

Des migrants devenus bénévoles

La grande majorité des bénévoles sont d’ailleurs des migrants, qui ont eux-mêmes bénéficié de l’aide de l’association quand ils sont arrivés en France. “Je suis arrivé en France, il y a sept mois”, raconte Mamad, jeune Afghan de 21 ans qui a rejoint l’Hexagone à pied. “Quand je suis arrivé, Médecins Sans Frontières m’a parlé de ce vestiaire. Je suis allé chercher des vêtements et une bénévole m’a proposé de rester pour aider. Cela me plaît, on parle, ça me permet d’apprendre le français et d’aider les autres”.

Prospectus à la main, Mamad montre ce qui l’a aidé à s’en sortir : un petit guide de quelques feuillets où sont inscrits les numéros d’urgence, les lieux d’hébergement, les endroits où se laver… “La seule chose qui manque, c’est l’adresse d’un lieu pour laver ses vêtements”, explique-t-il. Derrière lui quelques bénévoles préparent un café et mettent un peu de musique. Dans une ambiance chaleureuse, ils finissent de ranger les vêtements qui débordent des placards. “Notre objectif, c’est que ce Vestiaire ne soit plus nécessaire, que les migrants vivent dans des conditions dignes”, espère Claudine, “mais la situation ne s’améliore pas”, se désole-t-elle.

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