La République centrafricaine, pays le plus dangereux pour les enfants selon l'UNICEF

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Par Cynthia McFadden
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Dans ce reportage de Cynthia McFadden, nous découvrons le sort des enfants de République centrafricaine victimes des six ans de guerre civile qui viennent de ravager leur pays, ainsi que le travail de l'UNICEF Etats-Unis pour leur venir en aide.

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Dans ce reportage de Cynthia McFadden, nous découvrons le sort des enfants de République centrafricaine victimes des six ans de guerre civile qui viennent de ravager leur pays, ainsi que le travail de l'UNICEF Etats-Unis pour leur venir en aide.

La République centrafricaine est un pays déchiré par la violence. Six ans de guerre civile entre rebelles musulmans et milices chrétiennes et un gouvernement faible ont des conséquences dramatiques pour les enfants.

"C'est l'endroit le plus dangereux pour les enfants dans le monde," affirme Caryl Stern, présidente de l'UNICEF Etats-Unis que Cynthia McFadden, journaliste de NBC News pour euronews, rencontre à Bangui, capitale du pays. "Plus que la Syrie ?" lui demande notre reporter. "Oui," répond Caryl Stern, "parce qu'on a ici une concentration de facteurs : les violences empêchent l'acheminement de l'aide. Résultat : le taux de malnutrition est extrêmement alarmant dans le pays," souligne-t-elle avant d'ajouter : "À l'échelle nationale, actuellement, deux enfants sur trois ont besoin d'assistance humanitaire."

Mais fournir de l'aide est dangereux pour les humanitaires : ils ont été la cible de près de 400 attaques l'an dernier. "Évidemment, cela ne suffit pas de porter nos couleurs bleues pour être en sécurité," reconnaît la présidente de l'UNICEF. "Les gens qui consacrent leur vie à sauver des enfants sont attaqués pendant qu'ils le font," dit-elle.

"Sans notre intervention, elle serait morte"

L'UNICEF est en première ligne dans cette crise. Nous accompagnons sa présidente pour les Etats-Unis sur les lieux où intervient son organisation. Nous nous rendons dans le seul hôpital pédiatrique du pays.

Anne Yadilbert dirige l'équipe des infirmières, elle travaille dans l'établissement depuis 25 ans."Est-ce que parfois, vous devez refouler des enfants faute de place ?" lui demande notre journaliste. Elle répond d'un "non" catégorique. Ces enfants n'ont pas d'autre endroit où aller. Comme de nombreux jeunes patients sur place, Colette est orpheline. À 7 ans, elle pèse à peine 14 kilos. 

À ses côtés, une autre fillette appelée Ma Jolie a été prise en charge il y a quelques jours : son état était très préoccupant. "Sans notre intervention, elle serait morte," indique Caryl Stern.

Nous sortons de la capitale Bangui. Près de 80% du pays est contrôlé par 14 groupes armés. Ces dernières années, plus d'un million d'habitants ont été forcés de s'enfuir de chez eux.

"Qu'est-ce que vous avez emporté avec vous ?" dit notre reporter en s'adressant aux déplacés qu'elle rencontre avec l'UNICEF. C'est Donaig, représentante de l'organisation, qui lui répond : "Rien : ils sont partis uniquement avec les vêtements qu'ils avaient sur eux."

L'avenir du soutien des Etats-Unis ?

Quant au financement de l'aide, certains craignent que la politique America First de Donald Trump n'entraîne une baisse de la dotation américaine : jusqu'à maintenant, les Etats-Unis représentaient l'un des premiers pourvoyeurs d'assistance sur place : leur contribution a atteint 120 millions de dollars l'an dernier.

En septembre 2018, la Commission européenne a alloué une aide d’urgence de 26,5 millions d'euros aux familles vulnérables affectées par la crise humanitaire en République centrafricaine et dans les pays voisins. 

Du côté des officiels américains en République centrafricaine, le diplomate David Brownstein précise à Cynthia McFadden : "C'est un Etat faible qui se trouve dans une région très importante ; donc nous devons maintenir une présence stratégique ici en raison de la situation géographique et des ressources du pays," assure-t-il.

Ces ressources, ce sont des diamants, de l'or et de l'uranium en abondance qui d'ailleurs, intéressent la Chine et la Russie. Des Russes qui occupent le poste de plus haut conseiller à la sécurité du pays et qui envoient des armes et des militaires pour entraîner les forces gouvernementales.

Mais il y a d'autres sujets de préoccupation pour l'administration américaine. "L'organisation Etat islamique tire profit des failles dans la sécurité et la gouvernance et peut s'implanter en République centrafricaine," insiste David Brownstein. "Nous devons combler ces manques : si nous voulons établir la paix dans l'Est de l'Afrique, il faut la paix dans ce pays," fait-il remarquer.

De petits miracles humanitaires

En attendant, alors que l'accord de paix signé il y a quelques semaines est contesté par certaines parties, de petites choses font une grande différence sur le terrain humanitaire : Caryl Stern de l'UNICEF nous montre un petit paquet qui est distribué aux enfants souffrant de malnutrition : "il peut sauver une vie" selon elle.

Ce paquet appelé Plumpy'nut contient une pâte faite d'arachides, de lait en poudre et de sucre et couvre les besoins quotidiens en nutriments. "Cela ne demande ni réfrigération, ni préparation. La maman l'ouvre, le donne à son bébé et il peut se nourrir directement : comme vous pouvez le voir, ils semblent aimer ça," renchérit Caryl Stern.

L'an dernier, l'UNICEF n'a réussi à collecter que la moitié des fonds nécessaires selon l'organisation pour aider la population. "Qu'est-ce qui va se passer si vous ne trouvez pas l'argent ?" demande notre journaliste à Caryl Stern. "Les enfants vont mourir," met en garde la présidente de l'UNICEF Etats-Unis. 

"L'UNICEF fera tout son possible pour atteindre chaque recoin de ce pays, mais on ne peut agir qu'à hauteur de nos moyens," concède-t-elle.

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L'utilité de cet argent est évidente : notre reporter retourne voir Ma Jolie. La fillette a repris des forces : elle mange de la pâte sucrée depuis trois jours. "Maintenant, elle peut s'asseoir et manger toute seule," fait remarquer Caryl Stern.

D'après l'UNICEF, sans paix durable, un million et demi d'enfants centrafricains continueront de lutter pour leur survie.

Sources additionnelles • Journaliste française : Stéphanie Lafourcatère

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