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Politique

C à vous : Lemoine et Cohen virent Dupont-Aignan et sauvent enfin l’honneur des journalistes!

Sur le plateau de C à vous sur France 5, Anne-Elisabeth Lemoine et Patrick Cohen ont fait oeuvre d'une résistance salutaire face à Nicolas Dupont-Aignan qui attaquait une fois de plus l'intégrité professionnelle des journalistes.

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Capture d'écran de l'émission de C à vous durant laquelle Nicolas Dupont-Aignan a été prié de sortir du plateau.

Capture d'écran de l'émission de C à vous durant laquelle Nicolas Dupont-Aignan a été prié de sortir du plateau.

C à vous

Depuis son ralliement à l’extrême-droite, depuis son alignement sur les thèses les plus vulgaires des prêcheurs de haine, Nicolas Dupont-Aignan s’est fait pour spécialité de dénoncer et d’accabler les journalistes, en particulier ceux qui exercent au sein du service public, par définition à la botte du pouvoir, en l’occurrence macroniste. Violence, vulgarité et agressivité du propos seriné depuis plusieurs mois déjà, répété, beuglé en boucle, non sans succès ni écho d’ailleurs puisque, dans de nombreux rassemblements de gilets jaunes, des journalistes ont été violentés, jusqu’aux coups.

Mais voilà que des confrères se sont révoltés, enfin, honneur de notre profession et clin d’oeil à nos grands aînés qui, jamais, n’auraient supporté d’être ainsi bafoués. L’équipe de C à vous, le talk show vedette de France 5, et en particulier l’animatrice de l’émission, Anne-Elisabeth Lemoine, ont en effet viré ce mercredi 6 mars Nicolas Dupont-Aignan de leur plateau, sans plus de manière ni ménagement. Du jamais vu.

A l’origine de l’incident, le journaliste Patrick Cohen entendait interroger le président de Debout la France sur les premiers résultats du CETA, le traité de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne auquel Dupont-Aignan est opposé, ce qui est son droit le plus légitime.

"Serviteurs du pouvoir"

Aux données chiffrées que le journaliste avance, l’ex-candidat à l’élection présidentielle réplique par un lapidaire "C’est faux". Cohen insiste, les chiffres sont des chiffres, rien de plus, rien de moins, à prendre tel quel, puis à commenter bien sûr, à expliquer, à faire entrer dans un raisonnement. À cet instant précis, Dupont-Aignan se déchaîne: le journaliste n’est qu’"un serviteur du pouvoir, un macroniste qui passe sa vie à cirer les pompes du pouvoir et qui est payé pour ça par l’argent des Français". Et pour conclusion d’une tirade désormais coutumière, cette remarque au moins inadéquate sur le compte d’une émission, C à vous, qui rencontre un très grand succès: "les Français n’en peuvent plus de vous"!

Épuisé par tant de virulence et de mauvaise foi, Patrick Cohen propose de se retirer. Il ne s’attend pas à ce que Anne-Elisabeth Lemoine retourne cette fois la charge de la preuve contre l’invité: "est-ce que vous voulez bien vous excuser? Sinon, vous allez devoir quitter le plateau"! Dans un premier réflexe, le responsable politique ne la prend pas au sérieux. Jamais une personnalité ne s’est faite sortir de la sorte et la veille encore, c’est Bernard Tapie qui avait choisi de déserter le studio d’Europe 1, et non pas l’inverse. Mais la journaliste ne cède pas. Des excuses envers Cohen, sinon dehors! Et Nicolas Dupont-Aignan qui devait participer à la seconde partie du talk show aura été bel et bien viré. Comme un malpropre. Tel un impoli. Comme un terroriste de la parole auquel, à la surprise générale, certains ont soudain choisi de ne plus céder, de résister.

Coup d'arrêt à la délégitimation

L’événement est d’importance. Car il commence à inverser le rapport des force. Depuis quelques années déjà, les journalistes avaient tendance à baisser la tête. Depuis l’émergence des gilets jaunes, il était de bon ton de se "faire" les journalistes rangés en un bloc indistinct. Il va de soi que notre travail, nos façons de faire, nos pratiques, notre conformisme trop usuel, notre "moutonisme" chronique, tout cela en effet mérite critiques et auto-critiques, correctifs et remises en cause. Mais c’est autre chose que de déligitimer par principe une corporation pilier de la démocratie. Ce travail de sape auquel Dupont-Aignan n’est pas le seul à se livrer -Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon notamment lui prêtent main forte- s’avère, il faut en convenir, d’une redoutable efficacité puisque une large majorité de Français désormais y adhèrent. Ils ne dissimulent même plus leur détestation des journalistes.

Anne-Elisabeth Lemoine et ses confrères viennent de donner un premier coup d’arrêt à cette tentative permanente de délégitimation. Ils ont osé et il était temps. Car les Dupont-Aignan de tout poil décrivent jour après jour une engeance, les journalistes, ayant pour seul objectif d’étouffer les justes aspirations d’un peuple soumis aux volontés d’une oligarchie toute puissante. Cette construction complotiste est pour l’essentiel dénuée de tout fondement; elle n’en est pas moins puissante, efficace, puisqu’elle a pénétré une partie des esprits occidentaux. Quand Dupont-Aignan minaude que la presse est plus la libre dans la Hongrie d’Orban et dans la Pologne de l’ultra-droite nationaliste que dans la France de Macron, il se trouve que des Français le croient et l’approuvent. Il est donc temps, grand temps de réagir, de refuser la caricature, l’insulte, la calomnie. Anne-Elisabeth Lemoine et les siens ont marqué un premier coup d’arrêt. Qu’ils en soient remerciés.

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