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Dans plusieurs lycées, des professeurs font grève en mettant 20 sur 20 à leurs élèves

La mobilisation contre la réforme du lycée se poursuit. Depuis plusieurs semaines, certains enseignants ont choisi d'exprimer leur mécontentement en altérant le système de notation de leurs élèves.

À chacun sa façon de faire grève. La réforme du lycée, qui entrera en vigueur à la rentrée prochaine, continue de susciter le mécontentement de certains enseignants. En particulier l'instauration, à la rentrée de septembre, d'un système d'options à la carte en remplacement des filières S, L et ES. Dans plusieurs villes de France, les professeurs ont décidé de se mobiliser en accordant à leurs élèves une moyenne de 20 sur 20. 

"Ce qu'on a fait, c'est qu'on a mis un 20 sur 20, coefficient 99, avec une note de participation, une note de confiance, du coup (...) le moins bon élève de la classe a 19,60", explique à BFMTV Matthieu, professeur au lycée Audiberti d'Antibes, dans les Alpes-Maritimes, département où ce mode d'action a été particulièrement mis en œuvre. 

"Il y a une grogne qui monte"

Au lycée Carnot de Grasse, aussi, des enseignants ont accordé la note suprême à leurs élèves dans toutes les matières, comme le racontait Le Parisien le 2 mars. Sur la trentaine de professeurs exerçant dans l'établissement, les deux tiers ont adopté ce mode de grève.

"Il y a une tension, une grogne qui monte. Tant qu’on ne sera pas entendu, les élèves continueront d’avoir 20/20 de moyenne!", ont prévenu les professeurs auprès de Nice-Matin

Les notes réelles transmises

Les élèves trop heureux ont vite été rassurés: leurs notes véritables leur ont été communiquées et ont été transmises sur l'ENT (environnement numérique de travail). Sauf que, comme l'expliquait un enseignant au Parisien, elles apparaissent dotées d'un coefficient 0. 

À Paris également, au lycée Sophie-Germain, des professeurs ont agi de la sorte, comme l'a raconté France Inter fin février. L'une des premières conséquences serait de bloquer le processus d'orientation des élèves, qui se base sur leurs notes. 

"L’Éducation Française tient beaucoup aux notes, donc jouer là dessus va peut-être marcher", a affirmé une lycéenne auprès de France Inter.

Dans cet établissement de la capitale, 91% des professeurs se sont prononcés, lors d'un vote, contre la réforme du lycée préparée et défendue par le ministre Jean-Michel Blanquer. 

"Seule l'appréciation est laissée"

Début février, déjà, une quarantaine de professeurs du lycée Jean-Perrin, à Rezé, près de Nantes, avait choisi cette méthode de contestation. "On corrige les copies et informe les élèves de leurs notes réelles. Mais sur Pronote (logiciel interne aux établissements scolaires), c'est 20 pour tout le monde", de la seconde au BTS, rapportait une enseignante à Ouest-France.

Accorder la note maximale aux élèves n'a pas été le seul de protestation retenu par le corps enseignant. Au lycée Déodat-de-Séverac, à Toulouse, les professeurs ont préféré geler les notes: les faire disparaître des logiciels. Une méthode initiée en janvier et reprise dans la foulée, par exemple, au lycée Henti-Matisse à Vence, dans les Alpes-Maritimes. "Seule l'appréciation est laissée", expliquait l'un des professeurs à Libération

Jules Pecnard