Fukushima: le Japon pousse les habitants à rentrer chez eux, les ONG ne sont pas d’accord
Le 11 mars 2011, le Japon connaissait le pire incident nucléaire de son histoire suite au séisme qui a frappé le pays.
Huit ans après l’accident nucléaire de Fukushima, le gouvernement japonais assure que les habitants n’encourent aucun risque en revenant vivre dans les zones où l’ordre d’évacuation a été levé, mais plusieurs ONG dénoncent une mise en danger des populations en certains endroits.
« La préfecture de Fukushima n’est qu’une des 47 préfectures du Japon, et seulement 2,7 % de cette région fait encore l’objet d’un ordre d’évacuation », a insisté devant quelques journalistes le ministre de la Reconstruction, Hiromichi Watanabe, en amont des commémorations du tragique tsunami du 11 mars 2011 à l’origine du désastre de Fukushima.
Compte tenu des efforts de décontamination et de reconstruction, dans 97,3 % de la préfecture, « il est possible de mener une vie normale », ajoute-t-il.
Faux, rétorquent entre autres les organismes Greenpeace et Human Rights Now, emboîtant le pas à plusieurs rapports des Nations unies.
Selon Greenpeace, les personnes qui rentrent tendent d’elles-mêmes à brider leur vie pour minimiser les risques, ce qui ne s’appelle pas « vivre une vie normale » : « elles peuvent changer leur comportement, par exemple éviter de rester longtemps à l’extérieur », note l’organisme dans un rapport.
Il estime, mesures à l’appui, qu’en certains endroits de localités où l’ordre d’évacuation a été levé, « l’exposition aux radiations tout au long d’une vie peut largement excéder le niveau acceptable du point de vue de la santé publique ».
Inquiétude pour les familles pauvres
Divers rapporteurs et instances des Nations unies ont à plusieurs reprises critiqué la décision du gouvernement japonais d’élever à 20 millisieverts/an l’exposition acceptable et d’en faire le niveau de référence pour la levée des ordres d’évacuation, alors qu’en temps normal c’est 1 msV qui est retenu.
Pour les ONG, cette largesse avec les chiffres combinés à l’arrêt progressif des subventions pour les évacués prend en étau les ex-habitants qui, pour des raisons financières, se sentent contraints au retour.
La situation des enfants est jugée très préoccupante par les ONG et l’ONU. En octobre, dans un communiqué, un expert des droits de l’Homme des Nations unies avait demandé au gouvernement « de cesser de faire revenir les enfants et femmes en âge de procréer dans les zones où les niveaux de radioactivité restent supérieurs à ceux considérés comme sûrs avant le désastre ».
Le gouvernement répond notamment que ces propos nuisent à l’image de la région.
Publié lundi, un rapport de l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) regrette que « la question des conséquences des radiations sur la santé soit rendue taboue parce qu’elle risque de diviser la population » entre ceux qui font confiance aux autorités et les autres.
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La décision des autorités japonaises est raisonnable. S'y opposer est purement idéologique.