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Italie : deux hommes suspectés de viol blanchis parce que leur victime avait l'air masculine

Les magistrates ont décidé qu'il n'était "pas possible d'exclure la possibilité" que la victime présumée "ait organisé la soirée exhubérante".

Les magistrates ont décidé qu'il n'était "pas possible d'exclure la possibilité" que la victime présumée "ait organisé la soirée exhubérante". - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Lors du procès en appel, les magistrates ont déclaré que la jeune victime avait une allure masculine et que cela ne la rendait pas attrayante. "La photographie de son dossier semble confirmer cela", avaient-elles ajouté lors de l'audience.

Des organisations de défense des droits des femmes ont protesté ce lundi devant un tribunal italien dont des magistrates ont blanchi deux hommes accusés de viol parce que leur victime était "masculine".

"Honte!" ont crié quelque 200 manifestantes à Ancône dans le centre de l'Italie, qui ont accusé le système judiciaire de misogynie et de "chasse aux sorcières", selon une vidéo publiée par des médias italiens.

La victime jugée pas crédible

Les raisons de l'acquittement des deux hommes en 2017 ont seulement été rendues publiques vendredi dernier au moment où une juridiction supérieure a ordonné la tenue d'un nouveau procès, selon le quotidien Cronache Ancona.

Les deux hommes, des Péruviens, avaient été reconnus coupables en 2016 du viol d'une Péruvienne en 2015, mais la cour d'appel d'Ancône avait refusé de tenir compte des accusations à leur encontre en disant que la femme n'était pas crédible.

La femme surnommée "Viking"

Selon cette Péruvienne, l'un des hommes l'avait violée après avoir mis de la drogue dans sa boisson, et le deuxième surveillait les alentours pendant le viol. Des médecins avaient indiqué que les blessures de la victime correspondaient bien à un viol et que des traces de drogue facilitant le viol avaient été trouvées dans son sang.

Mais les magistrates avaient décidé qu'il n'était "pas possible d'exclure la possibilité" que la victime présumée "ait organisé la soirée 'exhubérante'".

Selon les magistrates, les hommes accusés de viol "n'appréciaient pas la jeune femme et avaient même gardé son numéro de téléphone sous le surnom de Viking, une allusion non pas à une figure féminine mais à une figure masculine". "La photographie de son dossier semble confirmer cela", avaient-elles ajouté. L'affaire sera rejugée par un tribunal de Pérouse à une date ultérieure.

Jeanne Bulant avec AFP