Etiez-vous au courant ? L’électricité peut soulager certaines douleurs chroniques

12 mars 2019

Vous ressentez une brûlure, un engourdissement ou une décharge électrique dans le bras ou dans les jambes ? Une douleur du dos altère votre quotidien depuis plus de 3 mois ? La gêne est telle qu’elle vous réveille la nuit ? Une prise en charge médicale adaptée a toute sa place. Et dans certains cas, lorsque la douleur persiste, une technique de neurostimulation peu invasive peut être envisagée.

La douleur chronique est une maladie « en tant que telle, quelle que soit son origine » explique le Pr. Philippe Rigoard, neurochirurgien spécialisé en neurostimulation et en chirurgie des nerfs périphériques au CHU de Poitiers. Certaines douleurs provoquent des sensations caractéristiques de décharges électriques, de picotements, de chaud, de froid ou encore de feu dans les jambes (ou d’autres parties du corps). Ces atteintes sont appelées les douleurs neuropathiques et en France, environ 4,6 millions de personnes en souffriraient.

Si le caractère neuropathique d’une douleur est avéré, différents traitements peuvent être envisagés. En première ligne, des « médicaments sont prescrits ». Viennent ensuite « des approches plus interventionnelles comme les infiltrations ». Mais dans certains cas, ces traitements ne suffisent pas à atténuer la souffrance.

Un pacemaker pour soulager la douleur

Les équipes médicales peuvent proposer la neurostimulation « aux patients douloureux, chroniques, réfractaires, qui ont essuyé tous les échecs des traitements », précise le Pr. Rigoard. Elle repose sur l’utilisation d’un neurostimulateur médullaire (relatif à la moelle épinière) implanté sous la peau, généralement dans le haut de la fesse. Tel un pacemaker, il envoie de faibles impulsions électriques mais destinées au système nerveux et non au cœur pour bloquer les messages douloureux envoyés au cerveau.

Une période de test pour confirmer le soulagement de douleur

Pour le patient, les étapes sont progressives : une phase de test d’une semaine précède la décision d’implantation définitive. Pendant cette phase, une électrode est implantée et reliée à un boîtier externe permettant de générer le courant électrique. Cette technique est donc réversible. « Si la neurostimulation confirme son efficacité (…) on implante le stimulateur définitif dans la fesse, lequel alimentera l’électrode en énergie pendant des années », détaille le Pr. Rigoard. « Si ce n’est pas le cas, on retire l’électrode test. » Une situation « rare car la sélection des patients est drastique ».

Plus d’autonomie au quotidien

A terme, cette thérapie permet à certains patients de diminuer leurs traitements médicamenteux et de retrouver une plus grande autonomie au quotidien. « Comme la douleur va durer toute la vie, on part du principe que le neurostimulateur est implanté sur le long terme avec un changement du générateur tous les 5 à 9 ans. ». Enfin, « les générateurs de neurostimulation ont beaucoup évolué », décrit le Pr. Rigoard, les dernières générations incluent la possibilité d’adapter la stimulation aux positions du patient ou de passer des examens IRM.

Si vous êtes concerné(e) par ce type de douleurs, consultez votre médecin traitant. Le cas échéant, il vous dirigera vers une structure spécialisée en douleur chronique dont vous pouvez retrouver la liste sur le site : http://solidarites-sante.gouv.fr. En complément, l’Association Francophone pour Vaincre les Douleurs (AFVD) vous permet d’échanger sur la douleur chronique et/ou la neurostimulation : https://www.association-afvd.com/.

  • Source : Bouhassira D, Lantéri-Minet M, Attal N, Laurent B, Touboul C. Prevalence of chronic pain with neuropathic characteristics in the general population. Pain. 2008 Jun;136(3):380-7. Epub 2007 Sep 20. Estimation du pourcentage de la population souffrant de douleurs neuropathiques à 6.9 %. Estimation de la population française INSEE au 1er janvier 2019 : 66 992 699 personnes - À partir de l’adresse : https://www.insee.fr/fr/statistiques/1892117?sommaire=1912926

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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