Des retraits mal effectués aux contrôles pas assez fréquents, la Cour des comptes souligne, dans son rapport annuel, des défaillances dans le contrôle sanitaire en France. En témoigne la mauvaise gestion des retraits dans l'affaire Lactalis entraînant une quarantaine de cas de salmonellose chez des nourrissons. Elle préconise plusieurs mesures dont le financement par les professionnels du secteur des contrôles sanitaires. 

Les années passent et les scandales se répètent. Le dernier date du 1er février. Les services du ministère de l’Agriculture ont découvert 795 kilos de viande avariée polonaise dans neuf entreprises du secteur agroalimentaire en France. Plus tôt, c’était le scandale des salmonelles dans le lait infantile Lactalis ou le fipronil dans les œufs. 
Même si, dans son rapport annuel rendu public le 6 février, la Cour des comptes note quelques améliorations – des contrôles sanitaires mieux ciblés, une meilleure politique de suites -, elle estime que les auto-contrôles sont encore insuffisamment encadrés. Mais surtout que les mesures de retrait et de rappel de produits contaminés restent "largement inefficaces", comme l’a montré l’affaire Lactalis.
La cacophonie des retraits dans l’affaire Lactalis
"Malgré trois demandes de retrait successives de la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes), ayant concerné un total de plus de 1 300 lots de lait infantile, des lots de produits incriminés étaient toujours en vente dans plus de 90 établissements parmi ceux inspectés", rappelle la Cour.
Elle souligne qu’un rapport du conseil national de la consommation, mandaté par Bercy, a formulé en juillet un certain nombre de pistes comme le blocage en caisse des produits concernés et la publication des retraits-rappels sur un site internet unique.
Les professionnels doivent financer les contrôles sanitaires
Toujours dans un souci de plus grande efficacité, la Cour pointe du doigt la "gouvernance complexe de la politique de sécurité sanitaire de l’alimentation" et réclame notamment une "clarification passant par la désignation d’un chef de file au niveau central".
Lors de son audition devant la commission d’enquête, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’était dit "opposé" à toute idée de rassemblement de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) et de la DGCCRF, tout en réclamant l’établissement d’une "chaîne hiérarchique" unifiée sous le contrôle de Bercy en cas de crise.
Enfin, la Cour des comptes demande de faire participer davantage les professionnels au financement des contrôles sanitaires, soulignant que par rapport aux autres États membres de l’Union européenne, "la France met peu à contribution" ces professionnels.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP

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