C’est à deux énormes marchés que Google s’attaque, avec l’ambition tranquille de les révolutionner. Celui de la télévision, en commercialisant dans onze nouveaux pays, dont la France, son Chromecast, une clé qui se branche sur le port HDMI de n’importe quel téléviseur. Reliée au réseau Wi-Fi du domicile, elle permet d’afficher sur un écran plus grand les vidéos contenues dans son téléphone, sa tablette ou son ordinateur portable, transformés en télécommande.
Ce nouveau monde de la télévision connectée – où voisinent la VOD, la télévision de rattrapage des chaînes traditionnelles et les programmes sur YouTube, la plateforme de Google est accessible à un prix raisonnable : le Chromecast coûte 35 euros. Google en a écoulé, dit-il, "plusieurs millions" aux Etats-Unis depuis l’été. "Les statistiques nous disent que l’usage est massif, que c’est l’objet de rupture, observe Pierre Nicolas-Dessus, directeur marketing digital de France Télévisions, qui a lancé une application dédiée. Selon Google, les utilisateurs de Chromecast regardent 60% de vidéos de plus qu’avant."
De quoi faire vaciller les géants de la télévision
Avec ce système, Google gagne sur tous les tableaux : il découvre les habitudes des consommateurs, pousse ses services, et vend plus de publicité. Le tout au détriment des groupes de télévision, qui se partagent un gâteau publicitaire mondial de 260 milliards d’euros, selon l’Idate (DigiWorld Institute).
Par ailleurs, Google a lancé une nouvelle version de son système d’exploitation équipant 80% des smartphones vendus sur la planète : Android Wear, pour les appareils technologiques de prêt-à-porter (wearable technologies). Premier objet visé : la montre connectée, sur laquelle il sera possible de consulter les services Google. La logique est la même : diriger les utilisateurs vers les produits maison, pour perpétuer le cercle vertueux de la publicité.
Plusieurs fabricants, tels Motorola, LG, Samsung et Fossil, se sont associés à Google. "En choisissant un système ouvert aux partenaires et aux développeurs, Google cherche les positions dominantes de demain", constate Bertrand Semaille, directeur général d’Eleven. Le marché devrait passer en cinq ans de 2 à 90 millions de montres connectées, d’après Strategy Analytics. Google en détient déjà plus de 60%.