Demain, tous chauffés par des data centers ?

Et si les serveurs informatiques permettaient, bientôt, de chauffer les pièces de nos maisons comme notre eau sanitaire ? C'est la promesse portée par des start-up, qui créent aujourd'hui des « radiateurs ordinateurs » et autres chaudières numériques.

Demain, tous chauffés par des data centers ?

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Une quantité de chaleur non valorisée considérable

Connaissez-vous la « chaleur fatale » ? Il s'agit de l'énergie émise lors de processus de production (dans l'industrie notamment) et qui ne peut être récupérée. Elle constitue dans certains secteurs un  gâchis écologique d'ampleur. C'est tout particulièrement le cas dans les data centers, ces « fermes informatiques » géantes où sont traitées et stockées de gigantesques quantités de données avec, à la clé, une facture énergétique considérable.

Leur consommation en France s'élevait ainsi en 2015 à 3TWh selon RTE (Réseau de transport d'électricité), soit plus, à titre comparatif, que celle de la ville de Lyon. Des besoins d'autant plus grands que, pour bien fonctionner, ces data centers doivent disposer d'imposants systèmes de refroidissement qui demandent, eux aussi, une fourniture très importante d'énergie (environ 45 % du total consommé). Face à ces infrastructures, des entreprises s'interrogent : comment limiter de telles dépenses énergétiques et, surtout, valoriser la chaleur produite ? Des solutions émergent aujourd'hui pour exploiter le potentiel offert par les data centers.

Des serveurs dans les radiateurs

C'est un radiateur qui ressemble à tous les autres et trouve sa place discrètement dans les différentes pièces d'une maison. Il a pourtant une spécificité étonnante : il possède en son sein des micro-processeurs qui réalisent des calculs. C'est précisément la chaleur émise par ces travaux informatiques qui va permettre de chauffer votre habitation. L'innovation a été développée par une entreprise francilienne, Qarnot Computing. Elle délocalise chez les particuliers comme dans des structures collectives les serveurs des entreprises, profitant ainsi de leur chaleur tout en réduisant leur impact sur l'environnement. 1000 unités sont déployées sur le territoire français.

En ce début 2019, ce sont pour la première fois des habitations neuves qui ont été équipées, en l'occurrence les logements sociaux d'une résidence en construction à Bordeaux. Baptisés QH-1, ces « radiateurs ordinateurs » innovants fourniront du chauffage gratuitement aux habitants grâce aux calculs informatiques de la société BNP Paribas.

De la chaleur grâce à ses propres travaux numériques ? L'idée a également intéressé le groupe Casino. Partenaire de Qarnot Computing, l'entreprise a décidé d' « installer et exploiter des data centers (…) au sein d'entrepôts et de réserves de ses magasins ». La location des espaces disponibles lui apportera des revenus complémentaires et la chaleur produite permettra de chauffer les bâtiments.

De l'eau chaude grâce à des chaudières numériques

Souhaitant elle aussi exploiter la « chaleur fatale » des data centers, l'entreprise Stimergy a décidé de créer des « chaudières numériques ». Leur principe est simple : des serveurs sont disposés dans des bains d'huile minérale dont la température augmente grâce à l'activité informatique. Cette même chaleur est alors transmise à l'eau circulant dans des tuyaux qui passent dans le bain d'huile. Une chaudière traditionnelle prend alors le relais pour porter l'eau à la température souhaitée.

Plusieurs de ces équipements prennent leur place aujourd'hui dans les caves et sous-sols d'immeubles. Le bailleur social Nantes Métropole Habitat permet ainsi à des appartements de la ville de bénéficier d'une eau chaude sanitaire issue de ce système (avec une économie d'énergie pouvant atteindre environ 40 %).

L'innovation a également été déployée à la piscine de la Butte-aux-Cailles, à Paris (XIIIe). L'eau des bassins intérieur et extérieur bénéficie elle aussi de la chaleur des serveurs. Une énergie renouvelable qui permet, selon Stimergy, d'économiser 45 tonnes de CO2 par an.

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