Scénario 2050 : comment l’humanité est parvenue à mettre fin au changement climatique

La radio américaine NPR a imaginé à quoi pourrait ressembler un monde dans lequel l’humanité est parvenue à endiguer le réchauffement climatique en 2050.
Scénario 2050 : comment l'humanité est parvenue à mettre fin au changement climatique

La radio américaine NPR (National Public Radio) a imaginé à quoi pourrait ressembler un monde dans lequel l’humanité serait parvenue à endiguer le réchauffement climatique en 2050. Un défi qui serait avant tout d’ordre mental et social si l’on en croit les scénarios élaborés par NPR, pas très étayés sur le plan technique.

« Nous libérons notre imagination et explorons un rêve, un futur possible dans lequel nous avons mis un terme au réchauffement climatique. Un monde où les émissions de gaz à effet de serre se sont arrêtées  ». C’est en ces termes que la radio américaine NPR décrit l’intention du scénario qu’elle a publié lundi 11 mars sur son site, dans lequel elle met un scène un monde où le réchauffement climatique ne serait plus qu’un mauvais souvenir. Un scénario élaboré autour de trois thématiques centrales : le passage au tout électrique, la redéfinition des règles de l’urbanisation et l’avènement d’une agriculture vraiment verte.

Le règne de l’électricité

En 2050, épuisement des ressources fossiles oblige, l’humanité est passée au tout électrique. Le moindre objet, le moindre équipement, des voitures électriques à la clim’, est alimenté par des énergies décarbonées, principalement issues d’énergies propres devenues bon marché. Aux États-Unis, panneaux solaires et éoliennes recouvrent désormais une surface dix fois plus importante qu’en 2020. L’Europe et l’Afrique, quant à elles, exploitent de vastes installations solaires dans le désert du Sahara. La clé du succès : les batteries, qu’on parvient dès 2025 à rendre moins chères et plus efficaces (sans nous préciser comment).

Panneaux solaires / Andreas Gucklhorn sur Unsplash

Pourtant, même dans ce futur radieux, certaines usines d’acier et de ciment reposent encore sur le charbon et le gaz naturel, tout en recourant aux techniques de capture de carbone pour éviter de rejeter des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. En 2050, les voyages en avion n’ont pas disparu mais sont beaucoup plus chers : « Quand vous achetez un billet d’avion, vous devez payer pour compenser les émissions de carbone de votre vol ». Les trains, devenus plus rapides, incitent par ailleurs à renoncer au transport aérien. Pour les longs trajets, par contre, les batteries des camions ne sont pas toujours très efficaces. Plusieurs solutions se dessinent : des autoroutes électriques dotées de câbles aériens alimentant les véhicules lourds, à la manière des trains. Ou encore le passage à l’hydrogène en guise de carburant.

« Le principal obstacle n’était pas de trouver les solutions techniques. Elles existaient déjà toutes en 2019. Le plus difficile était de relever les défis sociaux  », lit-on dans l’article de la NPR. Toutefois, le scénario de la radio américaine n’évoque ni la pollution, ni l’épuisement des ressources lié à la construction et à l’entretien des véhicules électriques (et leurs batteries contenant des métaux rares), ni même la manière dont les ingénieurs pourraient trouver des réponses technologiques permettant de rendre rentable le déploiement à l’échelle mondiale de panneaux solaires et d’éoliennes.

Piétonisation et mobilités partagées

En 2017, l’une des artères principales de la ville Toronto, King Street, s’est mise à réguler le trafic de voitures pour se désengorger et encourager les habitants à prendre le tram. Une initiative prometteuse aux yeux du journaliste de la NPR, qui voit dans la réorganisation des villes l’une des clés pour répondre à l’enjeu du réchauffement climatique. Il s’agirait ainsi de pousser les habitants à « vivre près les uns des autres, de telle sorte qu’ils peuvent se déplacer facilement à pied pour accèder aux choses dont ils ont besoin ». Tout simplement…

Gabriel Garcia Marengo / Unsplash

Quant aux pavillons de banlieue, poursuit-il, ils ont en partie été transformés en unités hébergeant plusieurs familles. Les culs-de-sac y ont également disparu, remplacés par des bâtiments contenant cinq à six maisons, et attirant commerces et bureaux. Une façon de lutter contre l’étalement urbain, qui pousse aujourd’hui encore beaucoup de citoyens à prendre la voiture pour se déplacer, et de dynamiser les zones périphériques.

« Alors comme ça, vous voulez une voiture autonome ? Très bien, mais cela vous coûtera plus cher de la conduire vous-même »

Les voitures, justement, ont quasiment disparu en 2050. On leur préfère les transports publics et le covoiturage pour les trajets plus longs. Sollicité par la NPR, Daniel Hoornweg, expert en environnement urbain à la Banque mondiale, suggère ainsi de taxer l’usage des rues par les véhicules : « Alors comme ça, vous voulez une voiture autonome ? Très bien, mais cela vous coûtera plus cher de la conduire vous-même que d’opter pour le covoiturage  ». Le partage s’impose ainsi comme le mot d’ordre de l’utopie urbaine décrite par la radio NPR : « Certains étaient réticents à l’idée de devoir renoncer à leur jardin et leurs transports en solitaire. Mais d’autres aimaient le changement  ». Encore une fois, l’idée est qu’il suffirait presque de changer les mentalités pour résoudre le réchauffement climatique…

L’herbe est plus verte en 2050

Déforestation, consommation d’eau et d’engrais très élevée, émissions massives de gaz à effet de serre… Les maux de l’agriculture industrielle et de l’élevage sont connus. Bonne nouvelle, dans le scénario 2050 de NPR, les Américains mangent deux fois moins de viande qu’en 2020 et les alternatives aux produits carnés fleurissent sur les rayons des supermarchés. La forêt amazonienne, quant à elle, est toujours bien présente et en bon état.

Vaches / Pexels

Le journaliste de NPR imagine également l’existence en Colombie d’une coopérative paysanne qui fait pousser de hautes herbes très nutritives dans les pâturages où paissent les bovins. Des herbes qui accélèrent la prise de poids et boostent la production de lait du bétail.

Malgré la pertinence des trois leviers prioritaires identifés par NPR (énergie, villes, agriculture), la lecture du scénario élaboré par la radio américaine laisse un peu le lecteur sur sa faim : la révolution mentale, si elle apparaît comme une condition indispensable pour envisager une possible résolution à terme de la crise climatique, ne sera pas pour autant suffisante. Reste maintenant à écrire un deuxième scénario en forme de complément, plus technique et crédible. Le making of du fantasme de NPR, en quelque sorte.

 

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Illustration à la Une : Ours blanc / Menglong Bao sur Unsplash

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