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Journalistes en danger: dix situations préoccupantes à travers le monde

«Le Temps» soutient la #OneFreePress Coalition et publiera chaque mois une liste de dix journalistes en danger à travers le monde. L’initiative lancée ce vendredi réunit de nombreux médias et éditeurs internationaux

En 2018, 80 journalistes ont été tués à travers le monde. — © Ztranger / 123RF
En 2018, 80 journalistes ont été tués à travers le monde. — © Ztranger / 123RF

Le décès de Ján Kuciak, assassiné l’année passée alors qu’il enquêtait sur la corruption, a profondément touché la rédaction du Temps. Après des tensions répétées dans les régions où la liberté de la presse semblait être établie, nous ressentons le besoin de combattre la censure et la répression contre les journalistes du monde entier. C’est pourquoi notre rédaction s’associe à la #OneFreePress coalition, qui se concentrera chaque mois sur dix journalistes qu’elle juge en danger absolu, dont la liberté est bafouée ou dont les situations exigent justice.

La liste du mois de mars:

Maria RessaPhilippines): journaliste indépendante accusée de diffamation en ligne

© DIA DIPASUPIL/ Getty Images for CPJ
© DIA DIPASUPIL/ Getty Images for CPJ

Les autorités du Bureau national d’investigation philippin ont arrêté Maria Ressa dans les locaux de son journal Rappler le 1er février dernier. Une enquête pour cyberdiffamation a été ouverte à son encontre par le Département de la justice du pays. Malgré sa libération au lendemain de l’arrestation, la journaliste doit encore faire face à d’importantes charges fiscales injustifiées. Le Comité pour la protection des journalistes s’associe avec First Look Media à une campagne de collecte de fonds pour les journalistes. Maria Ressa et le journal Rappler seront les premiers à en bénéficier.

Jamal Khashoggi (Arabie saoudite): déni de justice dans l’assassinat du journaliste saoudien

Près de cinq mois après l’assassinat brutal du journaliste dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul et les conclusions de la CIA pointant du doigt l’implication du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, aucune enquête indépendante des Nations unies n’a été ouverte. Les appels auprès de la Maison-Blanche afin de rendre public le rapport de la CIA sont restés sans réponse.

Eman al-Nafjan(Arabie saoudite): blogueuse féministe emprisonnée en Arabie saoudite

Fondatrice du blog Saudiwoman’s, Eman al-Nafjan a été emprisonnée après l’un de ses reportages sur la lutte des femmes pour obtenir le droit de conduire en Arabie saoudite. Elle est l’une des 16 journalistes d’Arabie saoudite emprisonnés, selon le dernier recensement du Comité pour la protection des journalistes.

Wa Lone et Kyaw Soe Oo (Birmanie): deux journalistes de ** Reuters emprisonnés pour non-respect du «secret officiel»**

© Ann Wang/REUTERS
© Ann Wang/REUTERS

Les deux journalistes ont été condamnés en vertu d’une loi coloniale sur les secrets officiels à la suite de leur enquête sur le massacre par des forces de sécurité d’hommes et de garçons rohingyas dans l’ouest de l’Etat rakhine (ancien Etat d’Arakan). Leur appel a été rejeté en janvier dernier. Le dernier aura lieu à la fin du mois de mars.

Claudia Duque(Colombie): la défenseuse des droits de l’homme a subi de nombreuses attaques dans un pays où l’impunité règne dans 98,81% des cas

Cette journaliste d’investigation a subi kidnapping, garde à vue illégale et torture psychologique avant d’être exilée. Les tribunaux ont condamné trois officiers supérieurs des services de sécurité colombiens pour l’avoir torturée avec sa fille. L’International Women’s Media Fondation lui a remis un Prix du courage en 2010.

Mohamed Cheikh Ould Mohamed(Mauritanie): le blogueur est emprisonné pour des commentaires sur la religion

Mohamed Cheikh Ould Mohamed a été arrêté en 2014 après un article critique sur le système de castes mauritanien. Il a été initialement condamné à la peine de mort, mais les charges à son encontre furent abandonnées. Le journaliste demeure cependant toujours enfermé, et a un contact limité avec ses proches et le monde extérieur.

Anna Nimiriano (Soudan du Sud): seule femme éditrice d’un journal au Soudan du Sud, elle vit sous menace constante

© Ryan Lenora Brown The Christian Science Monitor
© Ryan Lenora Brown The Christian Science Monitor

Editrice du Juba Monitor, Anna Nimiriano se bat pour la liberté de ses collègues journalistes. Le gouvernement lui avait ordonné de fermer son journal. Anna Nimiriano poursuit son activité malgré les menaces d’arrestation et la censure constante à laquelle ses collègues et elle sont confrontés.

Pelin Unker (Turquie): reporter turc ayant participé aux révélations des Paradise Papers condamné

Pelin Unker a contribué à la divulgation des Paradise Papers en 2017, qui ont révélé l’existence des comptes offshore de la famille du premier ministre turc,Binali Yildirim. Les autorités l’ont condamné à 13 mois de prison pour avoir insulté le premier ministre.

Thomas Awah Junior (Cameroun) : journaliste emprisonné pour des accusations de dénonciation et de fausses informations

Thomas Awah Junior, correspondant de la radio privée Afrik 2 et éditeur du magazine Aghem Messenger, purge actuellement une peine de 11 ans de prison au Cameroun pour des accusations de fausses informations contre l’Etat. Malgré son état de santé fortement dégradé, le journaliste a quitté l’hôpital et est retourné en prison.

Tran Thi Nga (Vietnam): journaliste accusée de propagande

Tran Thi Nga a été condamnée à 9 ans de prison «pour avoir répandu de la propagande contre l’Etat». Elle avait produit plusieurs vidéos critiques vis-à-vis de l’Etat sur des sujets tels que les déversements toxiques et la corruption du gouvernement.

La #OneFreePress coalition est soutenue par Le Temps, Associated Press, Reuters, Forbes, Wired, Time, Yahoo News, Huffington Post Süddeutsche Zeitung et Euractiv.