Alors que l’Humanité se concentre sur les vagues de chaleurs à Terre, les canicules océaniques, plus puissantes et plus fréquentes, passent presque inaperçues. Pourtant, elles ont déjà endommagé les écosystèmes du monde entier et devraient à l'avenir s'avérer encore plus destructrices.

Depuis le milieu du XXe siècle, le nombre de jours de canicule marine a augmenté de plus de 50 %, constatent les auteurs de l’étude publiée dans la revue Nature Climate Change. Une canicule marine est définie par des températures qui restent proches pendant cinq jours des records enregistrés dans une zone donnée.
"À l’échelle mondiale, les vagues de chaleur marine deviennent de plus en plus fréquentes, et de plus en plus longues. Au cours de la dernière décennie, des événements records ont été observés dans la plupart des bassins océaniques", note Dan Smale, de la Marine Biological Association du Royaume-Uni. "Tout comme les vagues de chaleur atmosphériques peuvent être fatales aux cultures, aux forêts et aux animaux, les canicules marines peuvent être dévastatrices pour les écosystèmes océaniques", ajoute-t-il.
Des dégâts déjà irréversibles
Mais par rapport aux canicules atmosphériques (qui ont fait des dizaines de milliers de victimes depuis le début du siècle), les marines ont fait l’objet d’assez peu d’études scientifiques. Les coraux sont les victimes par excellence de ces canicules en eau peu profonde et font face à un sombre avenir : même si l’humanité parvient à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius – mission impossible, selon certains scientifiques – entre 70 % et 90 % des coraux sont voués à la disparition, selon un rapport du GIEC publiée en octobre.
Mais ils ne sont pas les seuls : la vague de chaleur de 2011 a tué de vastes étendues de prairies sous-marines et de forêts de varech, ainsi que les poissons et les ormeaux qui en dépendent. En 2014, les eaux au large de la Californie ont été réchauffées de 6°C pendant plus d’un an, provoquant la prolifération d’algues toxiques pour les crabes, les otaries, les baleines et les oiseaux marins…
L’intensification des canicules marines (en nombre et en puissance) a également un impact direct sur l’homme. "Les espèces de poissons et de crustacés destinées à la consommation risquent d’être anéanties localement", s’alarme Dan Smale. De plus, "si les herbes marines et les mangroves sont touchées par des températures extrêmes, elles peuvent libérer le carbone qu’elles stockent" et augmenter le réchauffement climatique, ajoute le chercheur.
Ludovic Dupin avec AFP

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