Au-delà des images traditionnelles, prendre le pouls du temps présent : c’est l’ambition de ce premier Printemps de la danse arabe qui s’ouvre le 22 mars à l’Institut du monde arabe (IMA). « Jusqu’alors nous programmions essentiellement de la danse orientale », indique Marie Descourtieux, directrice des actions culturelles à l’IMA. « Or, dans le monde arabe, il existe de nombreux autres gestes chorégraphiques. »

Danser pour « oublier le passé »

Ce Printemps, qui avait fait l’objet la saison dernière d’une belle préfiguration, embrasse largement la création chorégraphique contemporaine. « Les pays arabes sont reliés par leur langue mais ils ne forment pas un monde clos, explique Marie Descourtieux. Bien au contraire, les artistes développent des univers d’une grande diversité tout en partageant une même belle palpitation. » Une pulsation au rythme de l’actualité et des drames qui déchirent les peuples.

Né d’un père syro-palestinien et d’une mère ukrainienne, Nidal Abdo, 29 ans a fui son pays, la Syrie, quand la guerre a éclaté en 2011. Il vit à Paris depuis 2016, il y travaille notamment grâce à l’Atelier des artistes en exil. Le 22 mars, il présente Et si demain, une courte pièce, avec trois autres danseurs. « À travers la danse, en jouant sur l’espace et les poids du corps, je veux parler de la peine et de la perte, des traces qu’elles laissent en chacun, confie-t-il. Je m’inspire des cinq sens qui, chaque jour, provoquent des flashbacks. Une vision, une odeur, un goût suffisent à nous ramener en arrière. Chaque jour, on aimerait oublier le passé mais peut-on abandonner ce qui constitue notre identité ? Que pouvons-nous attendre du lendemain ? C’est la réalité à laquelle nous, exilés, sommes confrontés et à travers la danse, tout le monde peut comprendre ces sentiments, ces questions. »

De jeunes artistes et des chorégraphes confirmés

Le Printemps de la danse arabe réunit des jeunes artistes, comme Nidal Abdo ou Akeem H. Ibrahim et Salim Mzé Hamadi, deux chorégraphes des Comores, mais aussi des chorégraphes déjà confirmés, comme Hafiz Dhaou et Aïcha M’Barek, qui redonneront leur très beau Kawa, solo à deux, ou encore Radhouane El Medded, qui signe pour le Ballet du Rhin un Lac des cygnes, présenté au Théâtre de Chaillot.

L’Égyptienne Shaymaa Shoukry est la seule femme programmée dans le festival. Elle présente deux pièces : Portray qui explore les vibrations réminiscences de la danse orientale et Walking, un duo sur le couple. « Je m’intéresse aux mouvements intérieurs, explique Shaymaa Shoukry. Je cherche à leur donner corps en explorant tous les langages possibles, la danse orientale, classique mais aussi les arts martiaux. » La gestuelle du combat sera précisément au cœur de sa création lors de sa résidence au CentQuatre.

Autre rendez-vous attendu : en juin, le Centre national de la danse accueillera l’école de danse de Ramallah. « Transmettre la danse est difficile partout mais dans un contexte comme celui de la Palestine, ça l’est particulièrement, explique Marie Descourtieux. Professeurs et étudiants ont une force de résilience incroyable, c’est important de le partager. »

Institut du monde arabe, du 22 au 25 mars. Rens. : imarab.org ou 01.40.51.38.14. Puis à Chaillot du 27 au 30 mars, au CentQuatre du 11 au 30 mars, au Tarmac les 17 et 18 avril, au Musée de l’histoire de l’immigration le 19 avril, à l’Atelier de Paris dans le cadre du festival June Events le 5 juin et au Centre national de la danse du 17 au 28 juin.