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Les Marches pour le Climat deviennent, à l'instar des rassemblements des Gilets Jaunes, des rituels en France. Dans le cadre d'un week-end exceptionnel pour le climat et le vivant, plus de 350 000 personnes se sont mobilisées ce samedi 16 mars dans tout le pays dans une démonstration de force face à un exécutif sourd et inerte sur l'urgence environnementale.
Alors que les émissions françaises de CO2 ont augmenté de 1,7% en 2017 par rapport à 2016, loin des engagements pris lors de l'Accord de Paris, la société civile s'est de nouveau mobilisée ce samedi 16 mars à Paris et de nombreuses autres villes de France pour montrer sa détermination à agir sans plus attendre pour le climat, la biodiversité et la justice sociale.
Le 9 décembre 2018, au moins 130 000 personnes (selon les organisateurs) s'étaient rassemblées en France dans 135 Marches pour le climat. Aujourd'hui les organisateurs en dénombrent près de trois fois plus : 350 000. Dans un climat social insurrectionnel en France avec l'Acte 18 des Gilets Jaunes, particulièrement suivi, la marche pour le climat a été l'occasion, dans certaines villes, de faire converger les rassemblements verts et jaunes et les comptages ne sont donc pas évidents... Selon le groupe Facebook, "Le Nombre Jaune" près de 270 000 manifestants, jaunes et verts confondus, étaient présents le 16 mars.
« De très nombreux Gilets Jaunes ont manifesté partout en France, toujours mobilisé.e.s pour la justice sociale avec cet acte 18 malgré le mépris du gouvernement et la répression sévère, pour dénoncer les responsables de la crise écologique comme sociale. Nous avons marché aujourd'hui pour rappeler que justice sociale et écologique vont de pair et que nous nous battons ensemble contre cette politique injuste à tous les niveaux », ont déclaré Priscillia Ludosky/François Boulo, gilets jaunes.
Dans tous les cas, ce sont des centaines de milliers de personnes qui se sont rassemblées pour dénoncer l'inaction du gouvernement français face à la crise climatique et son cynisme vis-à-vis de la crise sociale. Elles et ils étaient 107 000 à Paris, 30 000 à Lyon, 20 000 à Grenoble, 10 000 à Montpellier et Lille, 8000 à Rennes, 5000 à Toulouse et Strasbourg, 4500 à Rouen et Nancy, 3000 à Clermont Ferrand et à Limoges, 2500 à Orléans, 2000 à Aix en Provence et Valence, 1600 à Rodez, 1500 à Amiens, Mulhouse et Saint-Etienne (chiffres Alternatiba et Il Est Encore Temps).
Cette journée a rassemblé pour la première fois des citoyens, militants écologistes, étudiants en grève pour le climat, gilets jaunes, syndicats et mouvements anti-répression, tous réunis contre une même politique qui broie l'Humain et la planète au profit d'intérêts particuliers.
Ce moment historique en France répond à une colère historique. Depuis le mois de septembre 2018, jamais la contestation contre ce gouvernement n'a été aussi forte. Ce printemps climatique et social éclot après un automne et un hiver qui ont vu l'émergence de mouvements citoyens de masse pour le climat, pour la justice sociale avec les gilets jaunes, contre la répression policière et qui sont désormais rejoints par la jeunesse en grève partout dans le monde pour le climat. Autant de mouvements que l'on a cherché à diviser, mais qui répondent par l'unité. Car tous ces mouvements sont nés du mépris du gouvernement français qui refuse de répondre à l'urgence environnementale et sociale : aucun changement de cap ne sera opéré et, pour toute réaction, un Grand Débat stérile pour tenter de faire diversion.
La mobilisation citoyenne se manifeste aussi par une pétition signée par plus de 2 millions de personnes ! C'est "l'Affaire du Siècle" : « Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France, Oxfam France ont à cœur de la concrétiser devant les tribunaux à travers leur recours l'Affaire du siècle pour qu'enfin, l'inaction illégale de l'Etat français en matière de climat soit reconnue et que les mesures ambitieuses soient prises pour protéger les citoyen.ne.s » a déclaré Marie Pochon, Porte-parole de Notre Affaire à Tous.
Lancement d'un printemps climatique et social
« Il y aura un avant et un après 16 mars. Face à l'urgence, nous avons le devoir d'engager le rapport de force et de hausser le ton face au gouvernement. C'est pourquoi nous appelons à rejoindre dès aujourd'hui les actions non-violentes qui permettront de bloquer les responsables du changement climatiques dans leur dérive climaticide. Le moment est venu », appelle Elodie Nace, porte-parole d'Alternatiba
Forte de cette unité sans précédent, la Marche du siècle lance un printemps de mobilisation, pour hausser le ton face à un gouvernement qui persiste à faire la sourde oreille. Ainsi, de nouveaux rendez-vous sont pris :
- du 15 au 21 avril, en résistance pour le climat et contre les responsables de la crise climatique.
- le 1er mai prochain, jour de mobilisation des travailleurs et des travailleuses.
- le vendredi 24 mai pour la grève mondiale pour le climat
Chaque jour qui passe sans réponse face à l'urgence renforce notre détermination à mener la bataille du siècle. Ce mercredi, Emmanuel Macron disait que « la meilleure réponse au changement climatique ce ne sont pas des mots mais des actions ». "Des actions, nous en mènerons autant qu'il le faudra jusqu'à ce que ses mensonges cessent et qu'enfin nos représentants soient à la hauteur de l'Histoire" soulignent les organisateurs dans un communiqué.
L'urgence climatique et l'effondrement sans précédent de la biodiversité ne sont plus des soucis lointains, des problèmes secondaires. Il en va de la stabilité même de nos sociétés : si nous sommes incapables de nous montrer à la hauteur de ces défis, les insurrections populaires et les guerres deviendront encore plus fortes menant tout droit notre civilisation au chaos.
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Citer cet article
Mobilisation record en France lors de la Marche du Siècle pour le climat et la biodiversité ; 17/03/2019 - www.notre-planete.info