"Le Grande America transportait 2000 voitures usagées. Il y a une casse auto au fond de la mer"

"Le Grande America transportait 2000 voitures usagées. Il y a une casse auto au fond de la mer"

© LOIC BERNARDIN - AFP

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Par RTBF La Première

Les côtes françaises sont menacées par une nouvelle marée noire, due au naufrage du « Grande America » au large de la Rochelle. Il transportait notamment cinq conteneurs de matières dangereuses et 2.200 tonnes de fioul lourd. Trois nappes d’hydrocarbures ont d’ailleurs été découvertes, ce qui laisse planer le risque de marée noire.

Jacky Bonnemains, porte-parole de l’association Robin des Bois, qui a pour objectif la protection de l’Homme et de l’environnement était l’invité de La Première dimanche matin. Elle transmet son inquiétude constante depuis mardi.

« Les trajectoires des nappes sont capricieuses et difficiles à modéliser malgré les efforts de Météo France. On ne se prononce pas, on ne va pas jouer les devins et dire que ça va atterrir en face de la Rochelle ou dans le bassin d’Arcachon. Il est trop tôt pour le dire. Mais ce qui est sur c’est que les conditions météo sont mauvaises et que les nappes ont tendance à se fractionner et vont être multidirectionnelles et très difficiles à capter en mer. »

Voitures et plusieurs tonnes de matières corrosives

Il y a tout juste 41 ans, malheureux hasard de calendrier, le pétrolier Amoco Cadiz touchait le fond à proximité des côtes bretonnes, déversant 220 mille tonnes d’hydrocarbures dans l’eau et provoquant l’une des pires marées noires de l’histoire. Jacky Bonnemains redoute à nouveau une catastrophe avec ce naufrage, et pas seulement à cause de l’hydrocarbure.

« Le Grande America, bien connu des Belges et du port d’Anvers, est une boîte de pandore. Il transportait en Afrique, depuis 17 ans des voitures usagées, des déchets électriques et électroniques, des matières dangereuses. A ce sujet la confusion règne. Grimaldi Lines a diffusé un communiqué disant qu’à bord de ce navire les matières corrosives et radioactives étaient interdites. Et en même temps, notre préfet de l’Atlantique de Brest constatait qu’il y avait 100 tonnes d’acides sulfuriques et chlorhydriques, qui sont typiquement des matières corrosives. »

« La catastrophe est en cours »

« C’est le grand flou sur ce qu’il y a sur 4000 m de fond. On sait qu’il y a 2000 voitures, une casse auto au fond de la mer près d’une zone très riche en poissons, en planctons, oiseaux de mers et mammifères marins. La catastrophe est en cours. »

La réglementation actuelle est pourtant plus sévère concernant les navires. « Par contre les risques ont évolué vers ce genre de bateaux, transportant à la fois des voitures et des conteneurs. Le risque s’est généralisé à tous les types de navires et pas seulement les pétroliers. »

Elle a d’ailleurs décidé de porter plainte officiellement la semaine dernière. « Elle va l’être dans les jours qui viennent. On pense que les procès sont un des leviers pour connaître toute la vérité et aussi pour dissuader les armateurs qui font courir des risques à l’Atlantique, la mer du Nord et la mer Baltique. »

Nous déconseillons aux habitants d’intervenir

Et ce genre de naufrage entraîne des dommages collatéraux car des personnes en profitent pour faire du dégazage sauvage. « Quand une marée noire se déplace, certains commandants vident dans la mer les citernes d’hydrocarbures qu’ils doivent normalement vidanger dans les ports, car ça coûte cher. Mais ce genre de pratiques est en régression puisqu’il y a des survols d’avions de la marine nationale et des douanes sur l’océan Atlantique. Ils ont coincé pas mal de dégazages en flagrant délit. »

Des bateaux de pompage tentent d’enrayer la pollution provoquée par le naufrage en ce moment même. Une course contre-la-montre et contre la météo. Des habitants se préparent aussi sur les plages, mais attention.

« Nous déconseillons aux habitants d’intervenir. Nous ne connaissons pas la composition exacte du fioul, il peut réserver des surprises. Il peut aussi y avoir d’autres matériaux comme des conteneurs dont on ne sait pas ce qu’ils contiennent. Ce n’est pas le travail de bénévoles mais de spécialistes avec des équipements de protection et un minimum de formation qui devront intervenir. »

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