Design. Sarah fait de l'art avec les déchets plastiques

Par Julien Bouton

La Brestoise Sarah Laubie, 23 ans, n’est pas une designer comme les autres. Son matériau de prédilection, c’est le plastique recyclé. Une manière de prouver que les déchets ont droit à une seconde vie et qu’en plus, cela peut être agréable à l’œil.

La designer plasticienne brestoise Sarah Laubie, 23 ans, travaille le plastique recyclé.
La designer plasticienne brestoise Sarah Laubie, 23 ans, travaille le plastique recyclé. (Julien Bouton)

Parfois, les artistes aiment se montrer extravagants. Pas Sarah Laubie. Et pourtant… À l’entendre affirmer qu’elle veut « donner une noblesse aux matières plastiques recyclées » par les objets qu’elle conçoit, on l’imagine au mieux ambitieuse, au pire irréaliste. Étonnamment, la démarche de Sarah n’a rien d’iconoclaste. Elle s’inscrit au contraire dans une volonté de sensibiliser sur le devenir de nos déchets. Aussi, la designer plasticienne met un point d’honneur à n’impliquer que des acteurs locaux dans le processus de fabrication de ses produits.


« Rendre belles et attractives » les matières plastiques


Le défi que s’est lancé la Brestoise de 23 ans est de taille. Mais sa motivation aussi. Cela fait trois ans que Sarah s’intéresse à ce matériau particulier, « pas du tout travaillé » dans son ancienne école. Un fait compréhensible selon elle. « Les matières plastiques recyclées, ce n’est pas très beau. Il y a un aspect « cheap » qui repousse. Mon objectif, c’est justement de les rendre belles et attractives ».

Fraîchement diplômée (en juin 2018) d’un master « Design de la transition » à l’Eesab (École européenne supérieure d’art de Bretagne, anciennement nommée « Beaux-Arts»), la plasticienne est exposée depuis le 8 février dans le concept store Le Cosmonaute. Elle y présente en exclusivité le premier produit qu’elle lance, en précommande : un «tableau-lampe» baptisé Liv (du mot breton qui signifie couleur, caractéristique de la lumière).

Un détail de Liv, le tableau-lampe.
Un détail de Liv, le tableau-lampe.

La couleur, c’est justement ce qui va permettre à Sarah de sublimer son matériau de prédilection. Pour y parvenir, elle se sert des couleurs d’origine des déchets plastiques, sans adjonction de colorants. « Cela permet de revoir toute l’histoire du produit. Ça, c’était une bouteille de lait. Ici, on a des barquettes Hénaff… Cela permet de montrer que nos déchets peuvent encore servir », illustre-t-elle.


Le recyclage, un geste citoyen


L’autre avantage, surtout quand on vient de sortir de l’école, c’est le faible coût de cette matière première. Quand Sarah se promène sur les plages bretonnes, elle n’a qu’à se baisser pour en ramasser. « Un geste citoyen normal, que ce soit pour les mettre à la poubelle ou en faire quelque chose de nouveau ». 

Autrement, elle peut compter sur ses partenaires : les groupes scolaires et les recycleurs. « Je demande 40 à 80 kg de plastique recyclé. C’est tellement peu que ça ne me revient pas cher », apprécie la Brestoise. Sans atelier propre, elle ne peut en stocker des quantités industrielles. Alors elle travaille dans les locaux de son ancienne école.


Vers un projet pédagogique ?


En plus de son projet Liv, la designer a plusieurs projets en tête. Le premier : finir le développement de son prototype d’aileron de planche de surf en plastique recyclé, primé par la Fondation Banque Populaire de l’Ouest en 2017.

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L’autre projet qu’elle aimerait mettre en place rapidement, c’est un projet pédagogique, dans la lignée de l’atelier mené avec des écoliers du Forestou sur le sort réservé aux poissons au contact du plastique. « Ils ont dessiné des poissons mutants, c’était assez drôle », se souvient-elle. Ces dessins ont ensuite été découpés dans des plaques moulées à partir de leurs barquettes de cantine. « Mais j’étais déçue qu’ils ne voient ni le broyage, ni la fonte du plastique ». L’idée d’un atelier itinérant autour des matières plastiques et destiné à tous les publics a alors fait son chemin.

Design. Sarah fait de l'art avec les déchets plastiques

D’après ses observations sur le terrain, la sensibilisation doit viser large. « On est tous confrontés au même problème. Les initiatives citoyennes et industrielles doivent se mélanger pour générer de nouveaux projets ». Sarah ne peut que se féliciter de la multiplication des projets intégrant cette problématique de développement durable. « On est tous en train d’essayer de modifier notre manière de façonner les objets ». Si même les Beaux-Arts acceptent de voir la définition du beau changer, il y a de quoi être optimiste.

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