Elle a le teint porcelaine et l'allure d'une femme puissante. Un pas de danse sur la piste et Viktoria Modesta annonce - impose - la couleur : sa différence est sa force. Son handicap, entièrement au service de son talent. Avec une prothèse chromée, parfois à strass, en pic affuté, ou à lacets façon corset, qu'elle assortit à une fantasque chaussure, la performeuse unijambiste a créé son propre univers artistique, entre danse, sciences et technologie. Son personnage, mi-gothique mi-futuriste, et 100% sensuel, fascine les internautes qui regardent par millions ses chorégraphies sur YouTube.
Lumineuse
La manière dont elle a pris en main son destin et transformé sa vie en performance artistique globale est épatante.
Modèle du futur
Viktoria Modesta (de son vrai nom Viktorija Moskalova) a eu deux enfances : l'une dans une école d'art, dès l'âge de 6 ans à Daugavpils, en Lettonie, où elle étudiait le piano, la performance vocale et le solfège, l'autre, en parallèle, dans les hôpitaux, où elle subissait de multiples opérations chirurgicales pour une malformation de naissance de la hanche et de la jambe gauche. Épuisée par celles-ci - qui ne produisaient jamais d'améliorations -, l'artiste britannique d'origine lettone demande, à l'âge de 20 ans, une amputation du tibia. Elle espère ainsi "libérer sa créativité loin des stéréotypes". Et par cette décision, l'enfance artistique prendra le lead sur la seconde.Depuis, Viktoria Modesta se définit comme le "modèle du futur". "L'heure n'est plus aux débats soporifiques sur l'éthique et le handicap, estime l'artiste déterminée. Ce n'est qu'en provoquant des sentiments d'admiration, d'aspiration, de curiosité et d'envie que nous pourrons vraiment faire avancer les choses."L'heure n'est plus aux débats soporifiques sur l'éthique et le handicap. Ce n'est qu'en provoquant des sentiments d'admiration, d'aspiration, de curiosité et d'envie que nous pourrons vraiment faire avancer les choses.
"Bionic Showgirl", du 3 au 16 juin 2019, au Crazy Horse Paris, 12, avenue George V, Paris (VIIIe).