Viktoria Modesta, l'artiste bionique repérée par le Crazy Horse

Son parcours et sa proposition artistique ont épaté le célèbre cabaret parisien, qui l'a invitée à performer pour 29 dates. Qui est Viktoria Modesta, l'artiste unijambiste aux chorégraphies futuristes et engagées ?

Elle a le teint porcelaine et l'allure d'une femme puissante. Un pas de danse sur la piste et Viktoria Modesta annonce - impose - la couleur : sa différence est sa force. Son handicap, entièrement au service de son talent. Avec une prothèse chromée, parfois à strass, en pic affuté, ou à lacets façon corset, qu'elle assortit à une fantasque chaussure, la performeuse unijambiste a créé son propre univers artistique, entre danse, sciences et technologie. Son personnage, mi-gothique mi-futuriste, et 100% sensuel, fascine les internautes qui regardent par millions ses chorégraphies sur YouTube.

Lumineuse

L' "univer créatif" de l'artiste de 31 ans et son "incroyable volonté" ont aussi émerveillé Andrée Deinssenberg, la directrice artistique du Crazy Horse"La manière dont elle a pris en main son destin et transformé sa vie en performance artistique globale est épatante", dit-elle à l'AFP. Du coup de cœur à l'invitation à performer : le temple parisien du "nu chic" lui ouvre ses portes pour 29 représentations de son spectacle intitulé Bionic Show Girl.  

La manière dont elle a pris en main son destin et transformé sa vie en performance artistique globale est épatante.

Après Dita Von Teese, Arielle Dombasle, Pamela Anderson ou Conchita Wurst, Viktoria Modesta sera la prochaine guest star du célèbre cabaret. D'une vidéo bande-annonce et d'un message qui révèle son excitation, la performeuse prévient : "Nous allons repousser les limites de la féminité de la manière la plus innovante et la plus surprenante qui soit. Accrochez-vous !" 

Modèle du futur

Viktoria Modesta (de son vrai nom Viktorija Moskalova) a eu deux enfances : l'une dans une école d'art, dès l'âge de 6 ans à Daugavpils, en Lettonie, où elle étudiait le piano, la performance vocale et le solfège, l'autre, en parallèle, dans les hôpitaux, où elle subissait de multiples opérations chirurgicales pour une malformation de naissance de la hanche et de la jambe gauche. Épuisée par celles-ci - qui ne produisaient jamais d'améliorations -, l'artiste britannique d'origine lettone demande, à l'âge de 20 ans, une amputation du tibia. Elle espère ainsi "libérer sa créativité loin des stéréotypes". Et par cette décision, l'enfance artistique prendra le lead sur la seconde.Depuis, Viktoria Modesta se définit comme le "modèle du futur". "L'heure n'est plus aux débats soporifiques sur l'éthique et le handicap, estime l'artiste déterminée. Ce n'est qu'en provoquant des sentiments d'admiration, d'aspiration, de curiosité et d'envie que nous pourrons vraiment faire avancer les choses."
L'heure n'est plus aux débats soporifiques sur l'éthique et le handicap. Ce n'est qu'en provoquant des sentiments d'admiration, d'aspiration, de curiosité et d'envie que nous pourrons vraiment faire avancer les choses.
Libérée, délivrée, Viktoria Modesta défile en Reine des neiges lors de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Londres, en 2012, à l'invitation du comité d’organisation de l'événement mondial. C'est là que la chaîne britannique Channel 4 la remarque. Elle produira son premier clip en 2014, Prototype, visionné près de 12 millions de fois sur YouTube. Un clip de six minutes dans lequel elle chante, danse, et conclut : "Certains parmi nous sont nés pour être différents. Certains sont nés pour prendre des risques."

"Bionic Showgirl", du 3 au 16 juin 2019, au Crazy Horse Paris, 12, avenue George V, Paris (VIIIe). 

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