Au festival international sur les droits humains de Genève, plongée dans la Chine du sida

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Par Wolfgang Spindler
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Le documentaire "Ximei" produit par Ai Weiwei a été présenté en avant-première mondiale. Ses réalisateurs ont suivi Ximei, une femme qui vient en aide aux paysans du Henan infectés par le virus du sida dans les années 1990 après des transfusions non conformes.

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Le cinéma est un prisme pour comprendre le monde. Le Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève est l’un des évènements les plus importants montrant la violation des droits de l’homme. Pendant 10 jours, 47 films ont été présentés en parallèle de la session du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Des projections qui ont fait salle comble.

Isabelle Gatiker, la directrice du festival explique : "De plus en plus, les gens ont non seulement besoin de comprendre ce qui se passe dans le monde mais ont aussi besoin de poser des questions, de se retrouver ensemble, de dénoncer et de trouver des solutions concrètes. Ce que l’on cherche en programmant des films au festival, c’est vraiment de se dire : je n’avais jamais vu le monde comme ça."

"Ximei", le nouveau film produit par Ai Weiwei

Parmi les temps forts de cette édition, la première mondiale de "Ximei". L’histoire d’une paysanne chinoise de la province du Henan, infectée par le SIDA après que le gouverment chinois a encouragé les villageois pauvres à vendre leur sang dans les années 1990. Donneurs et receveurs étaient contaminés à cause d’équipement défectueux. Les réalisateurs ont passé 7 ans pour tourner ce film et déjoué la surveillance des autorités. C’est l’artiste Ai Weiwei qui produit le documentaire.

Il confie : "Notre société ne sait pas vraiment ce que sont l’investigation et la liberté de la presse. Beaucoup de cas demeurent dans l’ombre. C’est difficile pour un réalisateur de faire un tel film car la Chine est une société très contrôlée. Et ce genre de documentaire sera perçu comme subversif."

300 000 victimes

L’omerta a longtemps régné sur ce scandale. Les autorités ont essayé de réduire Ximei au silence et de fermer sa maison d’accueil pour les victimes du SIDA. 300 000 personnes auraient été touchées. Ximei s’est battu pour que ces victimes puissent recevoir des médicaments, malgré les discriminations.

Liu Ximei, était à Génève. "Je suis très heureuse et fière de ce film. Pour moi et mes amis touchés par le SIDA, c’est le moyen de parler de notre situation et rendre publique notre combat. Je me suis trop longtemps battu seule", explique-t'elle.

A son propos, Gaylen Ross, l'une des réalisatrices, déclare : "Je pense que c’est vraiment important d’honorer et de soutenir une femme comme Ximei, si courageuse et qui a agi parfois sans soutien, sans aide, et qui fait beaucoup de choses seule, que la caméra soit là ou pas. Elle le fait et on a besoin de plus de femmes comme elles dans le monde."

Une avant-première mondiale

Ximei avait 10 ans lorsque ses cheveux se sont coincés dans une débroussailleuse . Elle a alors perdu beaucoup de sang, et a été contaminée par le virus du SIDA lors d’une transfusion sanguine. Beaucoup de ces amis infectés sont aujourd’hui morts.

Après cette avant-première mondiale au Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève, le documentaire cherche désormais à être distribuée dans le monde.

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