Le député brésilien gay a décidé de fuir son pays et Bolsonaro de peur "d’être exécuté"

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Le député brésilien gay a décidé de fuir son pays et Bolsonaro de peur "d’être exécuté"

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Jean Wyllys, député socialiste brésilien, homosexuel et contraint à l'exil après des menaces de mort
Jean Wyllys, député socialiste brésilien, homosexuel et contraint à l'exil après des menaces de mort
© AFP - Mauro Pimentel

Le président brésilien Bolsonaro est reçu à la Maison Blanche par Donald Trump à partir de ce mardi. Cette rencontre intervient alors qu'au Brésil les défenseurs des droits humains s'inquiètent de la politique du nouveau président. Le député gay Jean Wyllys a même décidé de quitter le pays. Nous l'avons rencontré.

Il aurait du se trouver parmi les députés du Congrès à Brasilia, mais finalement il a préféré fuir le Brésil pour assurer sa sécurité. Aujourd’hui Jean Wyllys, élu à trois reprises député fédéral socialiste, se retrouve exilé en Europe. Après avoir refusé de retrouver son fauteuil le 1er février dernier, il est désormais installé à Berlin où il a repris des études. De passage à Paris, il nous a parlé de la situation, inquiétante, de son pays.

Jean Wyllys, de passage à Paris : "La campagne diffamatoire dont j'ai fait l'objet est partie de mes positions politiques et du fait que j'étais un homosexuel assumé"
Jean Wyllys, de passage à Paris : "La campagne diffamatoire dont j'ai fait l'objet est partie de mes positions politiques et du fait que j'étais un homosexuel assumé"
© Radio France - Thibaut Cavaillès

Âgé de 44 ans, homosexuel et défenseur des droits LGBTi, Jean Wyllys nous raconte ce qui l’a poussé à fuir pour sauver sa peau et continuer à se battre depuis l’étranger. "Tout a débuté, se souvient-il, en 2011. La campagne diffamatoire dont j'ai fait l'objet est partie de mes positions politiques et du fait que j'étais un homosexuel assumé. Il faut signaler que quand ces attaques contre moi ont débuté, Jair Bolsonaro, alors député, y participait.

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Wyllys est un défenseur du mariage homosexuel. Il s'était également vertement opposé à la destitution de la présidente Dilma Roussef en 2016, même s’il n’adhérait pas au même parti qu’elle. Il avait, à l’époque des débats sur cette destitution, craché sur Jair Bolsonaro en plein Parlement, après que celui qui n’était encore que député eut fait l’éloge de la torture. 

Jean Wyllys a du être placé sous protection policière après l'assassinat de la militante et femme politique Marielle Franco
Jean Wyllys a du être placé sous protection policière après l'assassinat de la militante et femme politique Marielle Franco
© AFP - Carl de Souza

À partir de sa prise de position en faveur de Dilma Roussef, la campagne contre Wyllys s'est intensifiée. Jusqu'à il y a un an et l'assassinat de Marielle Franco, elle aussi engagée en politique, elle aussi ouvertement homosexuelle. 

Depuis, Jean Wyllys est menacé de mort et placé sous protection policière. "L'idée que je devais mourir, que je devais être assassiné était devenue si naturelle au Brésil, que même une juge de Rio a dit dans sur groupe Facebook de magistrats qu'il fallait m'exécuter, préventivement, pour éviter que j’infecte son groupe, évoquant l’homosexualité comme une maladie, une débauche !"

Jean Wyllys a fui un pays où la violence est aujourd'hui presque légitimée. À ses côtés ce mardi à Paris se trouvait Erika Campello, coprésidente de l'association Autres Brésil qui décrypte les enjeux, notamment sociaux, du pays. 

Le Brésil a toujours été un pays violent. Bolsonaro a juste permis de libérer cette violence. 

"Aujourd’hui il est permis d’attaquer des homosexuels, des femmes, des personnes de quartiers populaires qui sont souvent habités par des Noirs, expliqueErika Campello. Donc aujourd’hui il faut reconstruire les mouvements progressistes qui ont été complètement déconstruits, décomposés depuis ces dernières années."  

Trois autres militants, politiques ou activistes se sont exilés comme Wyllys. Menacés notamment de mort, pour avoir, entre autres, défendu l'avortement. L'exil forcé d'un pays où il n’existerait plus de garde-fous. "P_lus personne ne fait confiance aux institutions_" explique Jean Wyllys. L’exemple le plus frappant est celui du juge Sergio Moro qui était d’abord présenté comme l’homme qui sauvera le Brésil de la corruption. Il a aujourd’hui rejoint la cause de Jair Bolsonaro, devenant son ministre de la Justice et se trouvant peu enclin ces dernières semaines à s’intéresser aux magouilles du clan Bolsonaro. Sergio Moro qui, par ailleurs, fait partie de la délégation du très pro-américain Jair Bolsonaro pour cette première rencontre bilatérale à Washington.

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