C’est l’une des premières mesures prises par Jair Bolsonaro le 1er janvier 2019, jour de son arrivée au pouvoir : en plaçant sous la tutelle du ministère de l’Agriculture la démarcation des terres revenant aux indigènes, le président brésilien a soulevé la polémique et ravivé des peurs anciennes. La Constitution de 1988 avait en effet institué le droit pour les indigènes de revendiquer la délimitation de leurs territoires, pour limiter l’emprise des grandes exploitations sur la forêt. Cette tâche avait été confiée à la Fondation nationale de l’Indien (Funai), qui veillait à la préservation de la forêt amazonienne et des indigènes qui y vivent.

Pour les Indiens d’Amazonie et leurs défenseurs, cette mesure revient donc à livrer sur un plateau d’argent les terres des autochtones, proies désormais faciles pour l’agrobusiness. Un cadeau qui s’est accompagné d’une nomination polémique : celle de Tereza Cristina, membre du “bloc ruraliste” très proche des intérêts de l’agrobusiness, à la tête du ministère de l’Agriculture.

“Eux, ils ont exterminé leurs Indiens”

Sans compter l’attitude ouvertement méprisante de Jair Bolsonaro à l’égard des populations indigènes : en 1998, il avait par exemple regretté dans le journal Correio Braziliense que “la cavalarie brésilienne ne se soit pas montrée aussi efficace que celle des Américains : eux, ils ont exterminé leurs Indiens”. Et pendant sa campagne, il n’a pas caché sa volonté de réduire les territoires des Indiens, dans une Amazonie qu’il qualifie de zone “improductive”.

Dans ce contexte, les autochtones redoutent la perte de leurs territoires. C’est le cas notamment dans la réserve de Raposa Serra do Sol, dans l’État du Roraima, tout au nord du pays. Le gouvernement brésilien, qui assure avoir l’intention de leur reverser une partie des bénéfices, veut exploiter les ressources de cette zone. Deuxième plus grande réserve d’uranium au monde, Raposa Sierra do Sol contient aussi des gisements de minerais en tous genres.

Dans ce reportage traduit et sous-titré par Courrier international, le journal brésilien Fohla de São Paulo a écouté les peurs des Indiens macuxi, qui sont 17 000 à vivre dans cette réserve.