La moitié des collaboratrices parlementaires rapportent des blagues, sexistes ou sexuelles, ou des propos déplacés sur leur apparence. Un tiers d’entre elles disent avoir été la cible d’injures sexistes ou d’attitudes gênantes dans le cadre de leur travail. Plus grave encore, une assistante parlementaire sur 5 affirme avoir été victime d’une agression sexuelle. Tout cela, dans un silence assourdissant : plus de la moitié des victimes n’aurait parlé à personne.

Auditionnées mercredi 20 mars à l’Assemblée nationale, les membres du collectif Chair collaboratrice ont rendu public le bilan inquiétant d’un sondage anonyme sur les violences sexuelles, qu'elles avaient transmis à l'ensemble de leurs collègues au début du mois. Sur les 137 assistant(e)s parlementaires (46 hommes ont également participé/91 femmes) ayant répondu, plus d’une centaine disent avoir été victimes ou témoins d’agissements relevant d’un harcèlement sexiste et/ou de violences sexuelles. Précaires, souvent poussées à se taire par la clause de loyauté qui les lie à leur député(e) employeur, les “petites mains” du palais Bourbon constituent des “cibles” privilégiées pour les auteurs de violences sexuelles. Dans 60% des faits mis en lumière par le sondage du collectif Chair collaboratrice, le rapport de subordination est en cause puisque c’est un député, donc un supérieur hiérarchique, qui s’est rendu coupable d’actes répréhensibles. Pas forcément celui avec lequel les assistantes travaillent quotidiennement : ce cas de figure représente "seulement" 12% des témoignages.

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La présidence de l'Assemblée nationale priée d'agir

Après de multiples alertes restées sans suite, les membres du collectif Chair collaboratrice réclament des actes forts à Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale. Parmi ceux-ci, la création d’une cellule d’écoute indépendante des victimes, qui pourrait - en accord avec les victimes - entreprendre des poursuites judiciaires. Chair collaboratrice propose également de geler la clause de loyauté - l’assistant parlementaire est tenu à la discrétion vis à vis de son employeur - lorsqu’une situation de harcèlement a été dénoncée.

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