"Une mise à l'écart historique du parti de Viktor Orban", selon le CDH

Le parti de Viktor Orban va-t-il devoir quitter le PPE ?

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Par Nicolas Gillard

La relation orageuse entre Viktor Orban et la droite européenne, sa famille politique, s'est rompue. Ce mercredi, le parti Fidesz, dirigé par le Premier ministre hongrois, a été suspendu temporairement des rangs du PPE. Cette décision a été prise à une très large majorité, lors d'une assemblée politique du parti populaire européen à Bruxelles.

Cette mesure de suspension, notamment de ses droits de vote au sein du groupe conservateur, devra être maintenue dans l'attente des résultats d'une enquête interne au PPE sur le comportement du Fidesz, parti nationaliste et anti-immigration dont les prises de position sont jugées par certains incompatibles avec la ligne de ce groupe qui est le plus important du Parlement européen.

Quelle sanction ?

Le Parti Populaire européen réunit les formations de droite de l'Union européenne. Citons la CDU de la chancelière allemande Angela Merkel, les Républicains en France ou encore le cdH de Maxime Prévot. Une droite européenne tiraillée. Aux yeux de certains partis, une exclusion pure et dure du populiste Orban comportait un risque. Celui de voir le dirigeant hongrois se jeter dans d'autres bras, pourquoi pas ceux du ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, leader de la Ligue, parti d'extrême droite. Manfred Weber, président du Parti populaire européen (PPE), a donc réclamé une suspension des droits de vote du parti du Premier ministre hongrois Viktor Orban, le Fidesz, au sein du groupe conservateur au Parlement européen. Venu à Bruxelles pour participer à la réunion, Viktor Orban a dénoncé cette menace de suspension.

Selon un document, l'idée serait de mettre en place une commission d'évaluation chargée de se prononcer sur l'attitude du Fidesz et présidée par l'ancien président du Conseil européen Herman Van Rompuy.

La nouvelle dirigeante des conservateurs allemands, en amont de l'Assemblée politique avait expliqué : "Un 'gel' de l'adhésion du parti de Viktor Orban au PPE pourrait être une option. Tant que le Fidesz n'aura pas rétabli une confiance complète, il ne pourra pas y avoir d'adhésion normale complète." Même son de cloche, ce week-end, de la bouche du président du PPE, Joseph Daul.

La genèse des tensions

Les Européens reprochent à Orban ses attaques récurrentes contre les institutions de Bruxelles. Et ça ne date pas d'hier. Ca fait des mois que la droite se divise sur son cas. Mais c'est un événement récent qui a fait déborder le vase.

Lors du lancement de la campagne du Premier ministre hongrois au début de ce mois. A Budapest, le long des axes les plus fréquentés, des affiches font leur apparition. On peut y voir les portraits d'un Jean-Claude Juncker ricanant, flanqué du milliardaire américain d'origine hongroise George Soros. Le slogan ? "Vous avez le droit de sa voir ce que Bruxelles prépare", soit une allusion complotiste dirigés contre les deux hommes, accusés de forcer les pays de l'Union à accueillir toujours plus de migrants.

Trop c'est trop, pour une majorité de partis attachés au PPE.

Viktor Orban en partance du PPE ?

Viktor Orban avait formulé des excuses la semaine dernière. Même si, selon une source proche du dossier, elles ont été jugées insuffisantes. Et au cdH, on ne s'en cache pas : c'est un peu court. Début mars, déjà, son président Maxime Prévot affirmait  au micro de la RTBF : "Ce que nous voulons, c'est qu'il cesse son bashing anti-Europe. Le cdH ne se retrouve pas dans ce PPE là. Nous ne pouvons pas continuer de cheminer avec le PPE."  Prévot persiste et signe la semaine dernière : "Ces excuses ne changent rien à notre conviction que le Fidesz n'a plus sa place au sein du PPE." La décision unanime d'aujourd'hui conforte son point de vue.

Même les affiches polémique ont également été retirées des rues de Budapest. Cela n'a pas été suffisant. Le cas Orban, c'est avant tout des dissensions croissantes avec ses partenaires européens, déchiré sur le cas de ce pourfendeur de l'immigration. Malin, l'homme a multiplié les accrocs aux valeurs de l'Union européenne mais a toujours pris garde de ne pas franchir complètement la ligne rouge. Jusqu'à sa campagne contre Jean-Claude Juncker lancée à coups d'affiches stigmatisantes placardées dans toute la Hongrie.

La décision de suspendre ou d'exclure Viktor Orban a donc été par l'Assemblée politique du PPE. Comprenez, son président, les dix vice-présidents, présidents d'honneur, direction du groupe au Parlement européen et un représentant de chaque parti membre. Viktor Orban a eu le loisir de défendre sa position devant les 261 délégués. Reste à entrevoir la position que Viktor Orban semble vouloir adopter. Dans son courrier adressé aux partis qui veulent l'exclure, Orban reconnaît une nouvelle fois qu'il n'a aucune intention de changer ses positions sur l'immigration et l'avenir de l'Europe.

 

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