«Il allait se faire tuer» : comment Adel a protégé un policier sur les Champs-Élysées

Le trentenaire, propriétaire d’un restaurant en Seine-et-Marne, raconte avoir porté secours à un policier lynché lors de l’acte 18 des Gilets jaunes.

 Le policier était au sol lorsqu’Adel s’est interposé, accompagné d’un Gilet jaune, pour le protéger.
Le policier était au sol lorsqu’Adel s’est interposé, accompagné d’un Gilet jaune, pour le protéger. Capture Facebook

    Des pillages, des violences, des cris, de la colère et beaucoup d'effroi. Samedi dernier, les Champs-Élysées n'étaient plus que chaos. Ce 18e acte des Gilets jaunes, qui résonne encore au plus haut niveau de l'État, était des plus noirs, comme en témoignent les images. Mais dans ce chaos, pendant quelques courtes secondes, on voit un homme, pull gris, doudoune sans manches, protéger un policier au sol. « C'est Adel! » Les intimes de ce trentenaire, restaurateur en Seine-et-Marne, ne s'y sont pas trompés.

    « Je me rendais au travail, je devais aller vers l'hippodrome d'Auteuil, quand j'ai entendu que ça pétait. J'ai fait un crochet pour aller voir de mes propres yeux, il faut le voir pour le croire », explique ce restaurateur, qui se dit plutôt solidaire du mouvement, à ses débuts au moins. « Je suis allé aux deux premières manifs, pour le ras-le-bol fiscal, et après j'ai arrêté, explique Adel. Les annonces m'ont convaincu, même si je m'attendais à autre chose. » Et « comme 85 % des Français, je condamne les violences », tient-il à ajouter.

    « T'inquiète pas je te protège »

    Ce samedi 16 mars, il parvient à rejoindre Paris en voiture. Il arrive sur les Champs-Élysées et assiste à une « charge des policiers » puis, un peu plus loin, il voit « comme une sorte de ronde où quelqu'un se fait tabasser au sol ». Sur la vidéo, on entend hurler : « Il y a des collègues là-bas ! »

    Un policier est au sol. « Il était en boule, tout seul au milieu de l'avenue, il allait se faire tuer, j'ai crié : Arrêtez vous allez le tuer et je me suis mis sur lui et je lui ai dit : T'inquiète pas je te protège. » Même si les images ne sont pas de bonne qualité, on aperçoit deux hommes à son chevet. Le second est vêtu d'un Gilet jaune, avec un drapeau tricolore accroché dans le dos. Arrive ensuite l'escadron de forces de l'ordre, qui rapatrie dans ses rangs le policier violenté, reparti avec une démarche claudicante.

    La scène, à partir d'1min15

    « Il m'a dit merci », se souvient Adel. « J'aimerais juste avoir des nouvelles de ce policier, savoir comment il va », confie Adel, dont l'attitude ne surprend pas son entourage. « Cela ne m'étonne pas de lui, explique un ami. Adel c'est une pâte, toujours prêt à aider ! »

    Acte de bravoure ou d'inconscience, les avis divergent. « J'ai la chance d'avoir fait des sports de combat depuis l'enfance… Et si je n'avais rien fait ? » questionne Adel en retour. Au détour de la conversation, qui dure un bon moment, il confie : « Quand j'étais petit, je voulais être policier, mais comme je n'étais pas Français ce n'était pas possible. » Il explique être arrivé en France à l'âge d'un an, lui qui est né à Tizi Ouzou (Algérie). Après une enfance à Paris, « à sept dans 20 m² », il décroche son « bac en candidat libre », et fait fausse route en fac de droit. Dix ans plus tard, il s'apprête à ouvrir un deuxième restaurant. « Je ne suis pas à plaindre », explique ce trentenaire, qui vient de lancer une demande de naturalisation.