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Le patron du « NY Times » met en garde contre le « Netflix de la presse » d'Apple

Le géant américain doit lancer son service de kiosque lundi. Le « Washington Post » et le « New York Times » ne devraient pas en être.

Le journal a tiré l'an dernier plus de 700 millions de dollars (615 millions d'euros) de revenus du numérique, pour un chiffre d'affaires total de 1,75 milliard (+4,4 %).
Le journal a tiré l'an dernier plus de 700 millions de dollars (615 millions d'euros) de revenus du numérique, pour un chiffre d'affaires total de 1,75 milliard (+4,4 %). (Shutterstock)

Par Lucas Mediavilla

Publié le 22 mars 2019 à 12:56Mis à jour le 22 mars 2019 à 16:11

A quoi ressemblera le kiosque payant d'Apple ? Selon toute vraisemblance, le service parfois baptisé « Netflix de la presse » outre-Atlantique devrait être annoncé officiellement par le constructeur californien lundi prochain, en compagnie de son service de vidéo à la demande .

Cette arrivée imminente explique sans doute la raison de la sortie musclée ce vendredi du directeur général du « New York Times », Mark Thompson. Dans une interview à Reuters, le patron du plus grand quotidien américain n'hésite pas à mettre en garde le secteur de la presse contre les conséquences d'une participation à un kiosque tiers.

« Nous avons tendance à fortement nous méfier de l'idée consistant à habituer les gens à trouver notre journalisme ailleurs (que sur nos propres supports) », explique-t-il. « De manière générale, nous nous méfions de toute possibilité de voir notre journalisme être mélangé dans une sorte de mixeur avec le travail de tous les autres. »

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Un partage à 50-50 avec Apple

Depuis plus d'un an, Apple cherche à intégrer un maximum de journaux au sein de cette offre premium , qui offrirait pour 9,99 dollars l'accès à plus de 200 titres payants. Le groupe est d'ailleurs rentré en discussion en fin d'année dernière avec les plus grands quotidiens américains, « New York Times », « Wall Street Journal » et « Washington Post », pour diffuser leurs contenus.

Mais si Apple a réussi à convaincre le « WSJ », ainsi que tout récemment le groupe Vox Media (qui détient les pure players en ligne Vox, The Verge, Polygon, Recode), les deux autres quotidiens sont restés sourds à ses sirènes. En cause, une répartition des revenus jugée inacceptable . Apple demande à conserver 50 % du prix de l'abonnement (soit 5 dollars). Le reste étant réparti entre les différents titres, en fonction de l'audience de chacun.

Le « New York Times » propose de son côté un abonnement à 15 dollars mensuels. Au regard de sa bonne santé économique, à savoir 700 millions de dollars générés via le numérique en 2018 et 265.000 abonnés recrutés au dernier trimestre 2018, le prestigieux journal n'a aucune raison de brader ses contenus.

Comparaison avec Netflix

Deuxième point d'achoppement, Apple refuserait de donner aux éditeurs l'accès aux données des abonnés au nouveau service. Coordonnées mails, téléphoniques, bancaires, ou encore données d'audiences… toutes sont précieuses pour les services marketing des journaux.

En laisser le contrôle à Apple est selon le patron du « NYT » une erreur stratégique. Celui-ci n'hésite d'ailleurs pas à dresser le parallèle avec Netflix. « Si j'avais été une chaîne de télévision américaine, j'aurais réfléchi à deux fois avant de donner tout mon catalogue à Netflix. »

Et de conclure : « Quel sens cela a-t-il d'aider Netflix à se constituer une gigantesque base d'abonnés, au point où le groupe peut aujourd'hui consacrer neuf milliards de dollars par an à produire ses propres contenus, (ce qui le conduira) à verser de moins en moins pour le catalogue (des chaînes de télévision) ? »

En ligne avec ses bonnes performances de l'an dernier, le « New York Times » s'est fixé comme nouvel objectif d'atteindre la barre des 10 millions d'abonnés d'ici 2025, contre 4,3 millions aujourd'hui.

Lucas Mediavilla

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