[Industry Story] Le tour du propriétaire – La véritable histoire du Monopoly
Violation du droit des marques. En 1974, Parker Brothers accuse Ralph Anspach de contrefaçon. Le professeur d’économie, avec son Anti-Monopoly, vise à démontrer la dangerosité des monopoles dans le jeu de société Monopoly. Pour sa défense, il fait quelques recherches. Et découvre une supercherie.
Charles Darrow a promis à son épouse qu’ils seraient un jour millionnaires. Mais la crise de 1929 met le vendeur de chauffe-eau au chômage. Désœuvré, il conçoit un jeu dans lequel les participants achètent puis vendent des terrains. Aidé de sa femme et de son fils aîné, il crée un plateau sur une toile cirée, le décore à la main, le baptise Monopoly, dépose un copyright et contacte des éditeurs. Tous refusent. Même Parker Brothers. Darrow entreprend de vendre seul sa boîte et remporte un petit succès. Parker revient dans la course, lui achète les droits et le distribue dès 1934. Darrow devient alors le créateur officiel et son nom apparaît dans la règle du jeu. Jusqu’à ce que Ralph Anspach, quarante ans plus tard, découvre le nom d’Elizabeth Magie. Le 5 janvier 1904, la secrétaire-sténographe-ingénieure-poète-actrice dépose un brevet pour The Landlord’s game, le jeu du propriétaire foncier. Inspirée par les écrits de l’économiste Henry George, Liz Magie entend dénoncer l’enrichissement des propriétaires sur le dos de leurs locataires. Un jeu éducatif destiné à dénoncer aux enfants l’injustice sociale. Coqueluche des universitaires de gauche et de leurs étudiants, le jeu fait le tour de la côte est des États-Unis. À tel point qu’un ami de Charles Darrow le lui fait découvrir au début des années 1930. Darrow n’a plus qu’à s’approprier l’idée originale, à la revendre et à faire oublier la véritable créatrice. Nouveau propriétaire, sans passer par la case prison. Magie, quant à elle, vend ses droits à Parker pour 500 dollars, sans royalties.
Après cinq ans de procédure, Ralph Anspach obtient l’aval de Parker pour utiliser le nom "Anti-Monopoly". En 1983, le professeur remporte devant la Cour suprême des États-Unis les droits de sa marque et du suffixe "-opoly". Il rédige un livre dans lequel il revient sur l’histoire de ce succès, l’escroquerie de Darrow. Et rend à Liz Magie la paternité du jeu. La vraie proprio.